Pour sa première tournée européenne, Hans Zimmer, le fameux compositeur de musiques de films, a fait une escale de deux jours à Genève pour le plus grand plaisir des fans de B.O.
Mercredi 18 mai et jeudi 19 mai 2016 se tinrent les premiers concerts live de Hans Zimmer à l’Arena de Genève. Même si tout le monde n’était pas au courant, la nouvelle semblait avoir bien circulé parmi les mélomanes cinéphiles (et vice-et-versa), la salle étant complète les deux soirs pour accueillir comme il se doit ce grand compositeur de musique de films. Car oui, on sait que son style parfois pompier et grandiloquent divise, mais il fait incontestablement partie de ces génies qui contribuent depuis des années au succès des films d’aujourd’hui.
Hans Zimmer a su conquérir le cœur de ses fans avec un concert incroyable, riche en effets lumineux et en intensité musicale. Avec pas loin d’une quarantaine de musiciens sur scène (une vingtaine de choristes, une section de cordes et de cuivres, un batteur, trois guitaristes, un bassiste, quelques percussionnistes et autres musiciens versatiles capables de jouer de tous les instruments possibles), le show était assuré autant par ses œuvres qui ont marqué l’histoire du cinéma que par un dispositif scénique dans lequel Zimmer met ses musiciens et lui-même en avant. On notera en particulier la présence scénique de la très sexy violoncelliste Tina Guo, de la violoniste soliste Ann Marie Simpson et du batteur indien Satnam Ramgotra, qui, bien qu’on le croirait sorti de son ashram, envoie les solos de batterie avec une énergie détonante.
Très bavard, le compositeur n’a pas hésité entre chaque morceau de bravoure à raconter la genèse de certaines musiques, ou à vanter l’apport et le génie des musiciens présents, en montrant une joie quasi enfantine de pouvoir partager avec le public ce moment. S’il est là, nous confia-t-il, c’est qu’une envie de sortir de son studio tout sombre et sans fenêtres le tenaillait. On ne peut que le féliciter d’avoir cédé à cette pulsion ! Car la setlist de ce concert aura su satisfaire tout le monde, fans comme néophytes, voire même les plus métalleux de la salle (dont nous faisions partie avec nos collègues de Daily Rock présents) ! On a débuté en douceur avec « Driving » (du film « Miss Daisy et son chauffeur ») puis le thème principal de « Sherlock Holmes » (« Discombobulate »), qui a permis par un astucieux jeu de rideaux de révéler progressivement l’ampleur de l’orchestre, distribué sur 4 estrades superposées. Certes pas un philharmonique mais ça en jette quand même.
Par la suite, les moments de bravoure vont s’enchaîner, avec des morceaux plus ou moins connus, mais qui font toujours leur effet. Les chœurs auront pu donner toute leur mesure dans « Roll Tide » tiré d’ « USS Alabama » et le « 160 BPM » d’ « Anges et Démons ». Notons pour le second morceau qu’un énorme solo de percussion avec lightshow hypnotique vint coller le public contre le mur, on se serait presque cru à un moment à un concert de Dream Theater.
Les poils se dressent lorsqu’arrive le medley consacré à « Gladiator », une B.O. qu’on ne présente plus, avant un intermède médiéval (« Chevaliers de Sangreal » tiré de « Da Vinci Code ») et un medley des morceaux du « Roi Lion ». La foule s’évanouit de plaisir avant d’être réveillé par le medley « Pirates des Caraïbes » et son thème ultra connu (« Jack Sparrow »). Un entracte bien mérité pour les musiciens nous permet de spéculer sur les morceaux à venir dans le second set (« Attends, c’est obligé qu’il y ait « Inception » et « Interstellar » ! Et on aura sûrement aussi un morceau de « La Ligne rouge » et du « The Dark Knight »).
On ne se sera pas trop trompé comme vous le verrez, même si Zimmer nous prend à revers en débutant la seconde partie par « You’re So Cool » de « True Romance », et son côté si nineties, avant d’enchaîner par le très connu thème de « Rain Man » (allez l’écouter sur Youtube, je suis sûr que vous le connaissez sans savoir d’où il vient). On continue avec un très bel enchaînement entre « What Are You Going to Do When You Are Not Saving the World? » de « Man Of Steel » et la très émouvante « Journey To The Line » de « La Ligne rouge » (une B.O. gagnant d’ailleurs à être connue et qui vous fera reconsidérer toutes vos idées reçues sur Hans Zimmer, qui sait être bien plus fin qu’on ne le penserait capable).
Après ce moment de finesse, Zimmer nous rappelle ses fondamentaux avec un tunnel de morceaux électro-symphonico-métal qui nous a fait croire pendant 15 minutes être au Hellfest (à noter que le guitariste soliste est Mike Einziger d’Incubus : y’a pas de coïncidences). L’audacieuse « Electro Suite » de « The Amazing Spider-Man 2 » débute avec sa gentille intro à la clarinette qui débouche sur un riff de guitare électrique d’une lourdeur cyclopéenne qui envoie sacrément le bois ! Et comme si on était pas déjà assez secoué, Zimmer nous cueille avec un deuxième uppercut : un medley « The Dark Knight » (dont « Why So Serious? » qui illustre si bien la folie du Joker).
Puis on ne quitte pas Christopher Nolan avec le medley « Interstellar » et ses orgues qui donnent des frissons (« Cornfield Chase » entre autres et la grandiose « Where We’re Going »).
Mais le point culminant fut sans doute le très attendu medley d’ « Inception », joué en rappel s’il vous plaît, qui enchaîna l’énormissime « Dream Is Collapsing » et ses basses qui vous font vibrer les tripes, la trépidante « Mombasa » et le sublime crescendo de « Time » qui vint rêveusement finir le concert comme elle sut finir le film. On sort galvanisé de ces presque 2h45 de concert, et la cerise vient sur le gâteau lorsque des flyers nous sont distribués à la sortie et nous apprennent que James Newton Howard, le compositeur attitré de M. Night Shyamalan (« Sixième Sens », « Signes », « Le Village »…) et qui compte à son pedigree – entre autres ! – « Pretty Woman », « Waterworld », « L’Associé du Diable », « The Dark Knight » (avec Hans Zimmer), « Hunger Games », etc. viendra aussi à l’Arena le 3 décembre 2017. Autant vous dire qu’on y sera !