Après les films politiques, Steven Spielberg retombe en enfance avec la scénariste de E.T, profitant de l’occasion pour présenter son nouveau film Hors-Compétition à Cannes
Adapté du roman de Roald Dahl, Le Bon Gros Géant (Big Friendly Giant – BFG, en version originale) marque les retrouvailles de Spielberg avec la scénariste Melissa Mathison, 34 ans après E.T l’extra-terrestre, dans un conte enfantin gracieux mais quelque peu paresseux.
Sophie, très adroite du haut de ses 10 ans, vit dans un orphelinat londonien dans lequel elle passe ses insomnies à s’évader dans ses bouquins. Une nuit, la fillette se fait capturer par un géant distributeur de rêves qui l’emmène dans sa grotte, au nord du nord de l’Angleterre – pays des géants -, cuisiner des légumes visqueux avant que la troupe de colosses carnivores ne mette la main sur leur proie. Notre gentil géant, lui, est végétarien et ne mangerait Sophie pour rien au monde. La jeune pipelette va alors s’allier à son nouvel ami, afin de convertir les mastodontes au véganisme.
Si l’on retrouve les effets spéciaux ultra-réalistes déjà utilisés par le réalisateur dans Tintin, on y retrouve également la paresse de son conteur d’histoires. Un travail sublime sur les couleurs – la splendeur de l’arbre des rêves –, une dynamique exemplaire lorsqu’il s’agit de filmer l’action – Spielberg joue habilement de son décor et de la grande taille de ses personnages –, mais un manque de fougue dans le développement de l’intrigue et l’intérêt du récit. L’américain se contente de ses joujoux numériques et du talent de son acteur principal – Mark Rylance, récemment oscarisé dans Le Pont des Espions, dernier Spielberg en date – qui campe un géant pour le moins attachant comparé à son amie lilliputienne, véritable stéréotype du chérubin pondu d’un conte anglo-saxon.
Si le thème de la différence est très vite abordé avec notre géant au régime alimentaire particulier, plus petit que ses confrères aux allures de brutes épaisses, rien ne sera jamais développé du coté de l’héroïne. L’histoire n’inclut que très peu de personnages secondaires, se focalisant sur la relation entre les deux protagonistes, vite rasoir tant leur aventure linéaire manque de rebondissements et de texture. Spielberg patauge, et essaye tant bien que mal de combler ses manquements avec la musique incessante de John Williams. Un sentiment de déjà vu prend vite le dessus, jusqu’au revirement dans la comédie potache lors d’une visite maladroite à Buckingham Palace. Véritable coup de génie pour le coup.
Si les enfants y trouveront surement leur lot de satisfactions, les adultes quant à eux se contenteront des belles images et des quelques pirouettes comiques. « Les rêves sont courts à l’extérieur mais longs à l’intérieur ». Pas sûr que le rêve dure aussi longtemps que Le Bon Gros Géant le prétend.
The BFG (Le BGG – Le Bon Gros Géant)
De Steven Spielberg
Avec Ruby Barnhill, Mark Rylance, Rebecca Hall, Penelope Wilton
Walt Disney/Metropolitan
Sortie le 20/07