Les articles qui traitent du monde arabe hantent la presse locale telle une bête noire. Pourtant que savons-nous de ce monde-là – si l’on met de côté les stéréotypes habituels proposés par les médias ? Le 19ème festival du court-métrage de Winterthur se penche sur la question et tente de provoquer une rencontre.
Parler d’un tout homogène qualifiant le «film arabe» serait un leurre, car le cinéma qui nous parvient du monde arabe ne pourrait être plus varié. Les programmateurs des Kurzfilmtage ont pourtant osé composer le Grand Focus de cette nouvelle édition sous le titre rassembleur de « Arab Encounters – Visions and Realities » afin de rapprocher des facettes spécifiques des films arabes. Il ne s’agit pas de créer une transversale historique et représentative de l’histoire du cinéma arabe centenaire, mais bien plus d’utiliser le court métrage comme source fédératrice et de rassembler les exemples ô combien impressionnants de courts métrages arabes qui dépassent les frontières géographiques et temporelles. Avec le programme Arab Encounters, on s’attend donc, sauf exception, à ce que les programmes de courts métrages proposent une vue de l’intérieur : des films faits par des réalisateurs arabes pour un public arabe, et qui permettent à un visiteur occidental de s’ouvrir à de nouvelles perspectives. « Les programmes proposent une autre image que celle de ce journalisme effréné qui nous assène régulièrement avec des infos spectaculaires, en partie mises en scènes et très marquantes de ces régions. Nous voulons montrer un quotidien arabe qui casse les stéréotypes courants et nous présente de nouvelles visions (filmiques) » prévient le directeur artistique des Kurzfilmtage, John Canciani.
Autres pays sous la loupe du festival, le Bhoutan et le Népal, dotés d’une cinématographie jeune, animée et indépendante, que le médium du court métrage a permis de révéler afin d’expérimenter sur de multiples plans. Avec les trois programmes de la section Focus sur un pays, le Kurzfilmtage a à cœur de mettre en lumière ce savoir-faire frais et offre un aperçu du travail cinématographique plein de promesses de ces deux pays imprégnés par de profonds changements politiques. « Le travail de programmation autour de ces deux pays a commencé bien avant les tremblements de terre qui ont frappé le Népal au printemps. Par conséquent, il n’y aura pas de thématique sur cette catastrophe. Néanmoins il nous semble qu’au travers de ces séismes surgissent des urgences inattendues » confie le directeur administratif Remo Longhi.
Le festival complètera cette programmation audacieuse en parlant de Dada, de gangsters et de plaisirs charnels. Alléchant, non ?
19ème Kurzfilmtage
Winterthur
Du 03/11 au 08/11