Après avoir mis en images les destins chamboulés d’adultes aux quatre coins du monde dans « Almost There », Jacqueline Zünd s’intéresse aux émois de jeunes adolescents ébranlés par la séparation de leurs parents.
Le film commence par la représentation très vivante de deux sœurs, 10-12ans peut-être, batifolant joyeusement dans les vagues… Le décor est idyllique, les plans remarquables et la musique envoutante…
Pourtant soudain, leur voix, en off, vient briser l’apparente harmonie des images. Les deux jeunes filles, apparemment complices mais pas forcément d’accord sur tout, racontent avec leurs mots la rupture de leurs parents. Elles parlent d’une trahison, de photos égarées, d’un petit appartement à trouver rapidement et d’une nouvelle vie à adopter. Avec leurs mots, elles racontent le moment où papa et maman ont pris des chemins séparés, esquissent brièvement leur ressenti et libèrent quelques sentiments enfouis.
En à peine dix minutes, la réalisatrice zurichoise Jacqueline Zünd a installé avec brio la matrice de son nouveau documentaire, son esthétisme et son propos. Elle aurait presque pu s’arrêter là tant elle a, en si peu de temps, exprimé tellement.
Mais elle avait apparemment encore beaucoup à dire… Ou du moins, à faire dire à ses jeunes protagonistes. Au nombre de cinq finalement, chacun parle de ses émois avec une sincérité et une maturité impressionnantes. Aucun ne se plaint mais chacun raconte son expérience du déchirement, la difficulté de voir ses parents se battre pour gagner leur amour, la culpabilité d’en aimer un peut-être plus que l’autre, le plaisir des retrouvailles ou les moqueries alentours…
Les témoignages sont enrichissants et extrêmement touchants car très bruts. A tel point que la complicité que la cinéaste a réussi à installer avec ses sujets, leur spontanéité et leur sincérité surprennent parfois. Surtout lorsqu’on pense que les parents (rarement présent à l’image et n’ayant pas le droit de parole) ont forcément, à un moment donné, accepté la participation de leur enfant au projet.
En revanche, bien qu’il n’y ait pas spécialement de critique négative à faire sur le fond, la forme pêche un peu parfois. Non pas que les images soient mal mises en boîtes (en soi, beaucoup sont, comme les scènes de danse sur la fin, impressionnantes) mais certaines apparaissent parfois hors sujet. Comme si elles n’étaient là que pour la beauté du geste et trahissaient la difficulté d’illustrer le propos.
Mais ce n’est qu’un moindre mal et cela ne devrait en aucun cas retirer au film tout son intérêt sociologique et humain.
Where We Belong
CH – 2019 – 78min – Documentaire
Réalisateur: Jacqueline Zünd
Filmcoopi
01.07.2020 au cinéma