Un documentaire étonnant sur la guérison et le retour à la vie.
Lorsque Maya Kosa et Sergio Da Costa ont posé leur caméra au centre ornithologique de Genthod, proche de l’aéroport de Genève, ils n’avaient certainement pas seulement en tête l’idée de filmer la vie d’oiseaux blessés. En tout cas pas au sens propre. Car, bien qu’on voie effectivement une chouette vraisemblablement aveugle ou un cygne plein d’infections, les cinéastes ont choisi un personnage bien humain en guise de file rouge narratif : Antonin, un jeune homme à la fatigue persistante et chargé d’apprendre à élever des rats qui serviront à nourrir les rapaces. Pas une tâche très envieuse en soi, mais au moins, pour cet animal moderne épuisé de tout, une raison de se lever et de rester debout.
Autour de lui gravitent encore d’autres individus, tous aussi mystérieux que touchants. Tels Paul, le vieux sage en route vers la retraite, Emilie la vétérinaire peu bavarde et Sandrine, l’assistante aux mille tâches. Tous sont définis plutôt par leurs gestes que par leur parole. D’ailleurs, lorsque les protagonistes s’expriment, que ce soit par la voix-off d’Antonin en commentaire ou les interventions des autres, le film devient bizarrement plus artificiel et l’on comprend très vite que les séquences en question ont été écrites et mises en scène.
Dommage, car le mutisme des personnages, le secret d’une intimité sur laquelle il est facile de projeter mille histoires, ajoutés encore à la force d’images simples, mais très parlantes, suffisaient à faire de ce film une petite perle documentaire.
L’Île aux oiseaux
CH – 2020 – 61min
De Maya Kosa et Sergio Da Costa
Avec Antonin Ivanidze
Adok Films
07.10.2020 au cinéma