Jacques Matthey, réalisateur et producteur neuchâtelois, a, via quelques courts-métrages, pas mal expérimenté dans le domaine du cinéma de quartier. Cette fois, avec « Jazz. The Only Way Of Life », il livre un documentaire sur le grand amateur de jazz Jacques Muyal.
Comment un ingénieur installé aujourd’hui sur les bords du Léman et né à Tanger est-il devenu le grand ami des pointures du Jazz ? « Le seul musicien de jazz qui ne joue d’aucun instrument. » comme le dit Paquito D’Rivera. Le cinéaste Jacques Matthey propose donc de répondre à cette question en compagnie de l’intéressé lui-même. Il retrace son parcours, de ses premiers émois musicaux lorsqu’il était encore adolescent jusqu’à ses expériences de producteur indépendant, enregistrant uniquement ses propres coups de cœur. Ecoutant d’abord le jazz à la radio puis en animant lui-même une émission (alors qu’il n’avait que quinze ans), Jacques Muyal est vite devenue une encyclopédie dans son domaine. Sa passion l’amènera très rapidement à rencontrer et à se lier d’amitié avec de grands noms du jazz comme Randy Weston, Jimmy Heath ou Dizzy Gillespie.
C’est d’ailleurs ce dernier qui apparaît le plus souvent dans le film, au travers d’images autrefois tournées par Jacques Muyal lui-même dans l’intimité du musicien. C’est d’ailleurs pour l’accessibilité qu’il donne à des documents inédits que le film est le plus intéressant. Les amateurs seront donc ravis d’apprendre la véritable anecdote derrière la célèbre trompette au pavillon incliné vers le haut de Dizzy Gillespie. Ou de savoir que sa femme était une maniaque de la propreté ? Ou pas… Car c’est un peu la limite de ce documentaire qui fait se succéder images d’archives, concerts, films de famille et entretiens enregistrés à l’époque ou à l’heure actuelle.
Pour qui n’est pas particulièrement intéressé par le jazz, le film n’est qu’une succession d’anecdotes et de morceaux de musique. Les intervenants se congratulent les uns les autres et chacun y va de sa petite anecdote, pas forcément toujours intéressante. Avait-on réellement besoin de savoir qu’un jour la famille Muyal s’était vu refuser son accès « backstage » ? Pas sûr. Jamais le film ne s’élève vers une œuvre plus universelle, sur la passion musicale ou l’amitié. Tout est mentionné par les mots et jamais il ne s’appuie sur une idée de cinéma forte ou pertinente. A réserver aux amateurs donc.
Jazz: The Only Way of Life
CH, USA – 2017 – 74 Min. – Documentaire
Réalisateur: Jacques Matthey
Aardvark Film
05.12.2018 au cinéma