Interview « Rencontres du 7ème Art 2019″ à Lausanne : Principalement producteur, Jeremy Thomas est également acteur et voix off pour plusieurs films. Présent au festival, il a accepté de répondre à nos questions face à nos caméras.
Jeremy Thomas, merci beaucoup d’être avec nous à Lausanne. Voici notre 1ère question, quel est votre film préféré et pourquoi ?
Jeremy Thomas : C’est vraiment une question difficile. J’aime les films en général et je n’en ai pas de films préférés. Mais j’aime beaucoup parler des préférences de films. Beaucoup de gens évoquent Stanley Kubrick et disent « Oh j’aime ça ! ». D’autres sur la richesse dans le film et disent « Oh, j’aime ça ! » ou pour un grand film « Oh j’aime ça ! ». Comment pourrais-je donc choisir mon film favori ? C’est vraiment difficile, mais j’aime les films même si je ne peux pas vraiment vous dire lequel je préfère.
Quel est votre film préféré et pourquoi ?
« Performance » de Nicolas Roeg est le film que j’ai vu quand j’étais jeune et qui m’a ému. Même quand je le revois aujourd’hui, il est vraiment important et étourdissant.
Le film qui vous a toujours fait pleurer ?
Eh bien, je peux être ému par un film, par un morceau de musique et peux pleurer en regardant des films. Lorsque je suis en plein dans un projet professionnel pour un film, sur une chose inhabituelle par exemple, je reste moins affecté par ce qui arrive dans le film. Mais, oui je peux être très émotif face à un long-métrage.
Votre premier souvenir dans un cinéma ?
Mon premier souvenir dans un cinéma… En fait, j’ai grandi dans le business du cinéma grâce à mon père qui était un réalisateur et un peu mon modèle, et je pouvais me dire que j’avais passé des moments uniques en me disant « Oh ! J’ai vu ce film et je voulais être dedans » parce que mon premier souvenir vient d’un tournage quand mon père dirigeait l’équipe pour les studios « Paramount ». Je ne peux donc pas vraiment dire (son premier souvenir) … Mais je me souviens de mon premier film à la maison, il s’agissait du film « Titanic » (certainement la version de 1953). Je me souviens des jeunes hommes très forts s’accrochant aux barrières pour éviter de passer par-dessus bord. J’avais été très impressionné par cette scène étant enfant.
Le film que tout le monde aime, mais pas vous ?
Il y en a trop. Des films que les gens aiment et toi pas… Encore une fois, c’est vraiment une question difficile que vous me demandez parce que, vous savez, c’est comme si mon meilleur ami me le demandait et que je ne saurais répondre. Mais je ne les aime pas avec trop de sentiments et trop d’émotions dans le film. Ce trop-plein ne me satisfait pas et je n’aime pas ces films trop populaires car ils sont trop contradictoires dans mon esprit et par rapport à ce que je ferais. Et je ne ferai pas des films que je n’aime pas.
Le dernier film vu sur un écran ?
Votre question est encore plus dure ! Le dernier vu était dans les festivals. Je l’ai regardé sur un petit écran. C’était un vieux film que j’ai vu en première et c’était à Lyon (le « festival Lumières »)
Le film que vous avez produit et que vous regrettez à présent ?
Je n’en ai pas. Je suis heureux ainsi vous savez. Je choisis selon mes goûts et lorsque je fais une erreur, j’aime aussi ça, parce que cela fait partie de ma continuité comme producteur. Je pense aussi que cela fait partie de ma filmographie. J’ai déjà fait plusieurs erreurs et il était difficile pour moi de vous répondre au début de cette question. Si je vous racontais l’une de mes erreurs, se serait en lien avec un réalisateur à présent décédé. Je l’offenserais donc si je continuais mes propos et je ne suis pas préparé pour faire ça, désolé.
Et quels sont vos projets pour le futur ?
Oh oui, je suis continuellement occupé et suis en liens avec un réalisateur japonais. Je ne peux pas dire non plus que cette question est simple. Je collabore avec Takashi Miike, le fameux réalisateur japonais, qui a été mon premier amour avec son film parlant de jeunes très amoureux, innocents mais devant faire face à une montée de violence soudaine (apparemment « For Love’s Sake »). Et je vais commencer dans quelques semaines en Italie, un film avec Matteo Garrone qui va réaliser « Pinocchio ».
Que connaissez-vous en Suisse ?
Les horloges, naturellement. Mais j’étais avec Daniel Schmid, un très bon ami et coréalisateur, et nous avions aimer manger du chocolat suisse. J’aime les montagnes suisses et la Suisse est vraiment un très bel endroit.
Pour vous en tant que producteur, vous essayez aussi d’aller au-delà de vos limites ?
Pas toujours, mais c’est quelque chose à laquelle je peux me préparer par rapport à un projet. Avec quelque chose qui n’est pas filmable à la base, mais qui le devient par la suite, comme « Naked Lunch ». Cela paraissait impossible comme idée à filmer, pourtant David Cronenberg a réussi à le faire. Il a même réussi à diriger le projet spécial qu’est « Crash » et à le faire accepter pour qu’il soit distribuer et regarder au cinéma.
Pour vous, quelles sont les conséquences de l’arrivée de « Netflix » dans le milieu du cinéma ?
Mais qu’est-ce qui est vraiment bien ? Parce que de plus en plus de gens font des films. Mais j’ai grandi avec des films qu’on a chéris et durant lesquels on partageait une expérience et il était très difficile de trouver une solution pour vendre les films que j’aimais regarder et je ne suis pas sûr que ce soit le cas des films pour la maison maintenant. L’industrie montre principalement des films à la maison maintenant. Mais à présent, on ne regarde pas seulement des films au cinéma, parce qu’il est plus difficile d’aller au cinéma à cause des places plus chères. Mais dans ce lieu (donc chez soi), nos expériences avec les téléphones portables ou d’autres supports comme la télévision, changent nos expériences pour regarder des films et on pourrait, par exemple, regarder des films en continuant de travailler à la maison, ou en allant à la maison. On essaie toujours de faire des films d’une bonne centaine de minutes et toujours très porté sur l’émotionnel… Qu’ils soient constructifs, spéciaux et contenant beaucoup de plans. Tout ceci est en train de changer, parce qu’on ne se concentre plus forcément sur ça et on peut par exemple, faire du thé en regardant le film sans difficulté. Cette expérience est en train de changer et j’aime cette originalité.
[Interview réalisée en collaboration avec Lauren Von Beust et Baka News Network]