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samedi, décembre 21, 2024
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« Il Traditore » : une figure importante et percutante pour la lutte contre la mafia

Morgana Zanetta
Morgana Zanetta
Ayant une grande passion pour le milieu culturel-artistique, de la bande dessinée au cinéma en passant par la musique, je voulais m’investir dans la diffusion de ce savoir. Je suis actuellement étudiante à l’Université de Lausanne en Master de cinéma et c’est depuis plusieurs années que le 7ème art enrichit mon quotidien, du visionnement de films à la participation aux événements culturels comme des festivals. Mais c’est surtout le champ de l’animation qui attire le plus mon attention, ses différentes techniques et les imaginaires merveilleux qu’elles arrivent à créer.

Grâce à un récit digne d’intérêt, « Il Traditore », Marco Bellocchio nous plonge dans les coulisses du vrai cas de Tommaso Buscetta, le premier parrain de la mafia sicilienne qui, repenti, décide de tout raconter.


Marco Bellocchio connu pour ses films politiques (« Les Poings dans les poches », 1965) mais capable également de traiter des thématiques plus intimes comme l’euthanasie (« La Belle Endormie », 2012), se démarque des autres pour sa grande documentation et précision avec lesquelles il étudie et illustre ses sujets. Caractéristiques que l’on retrouve aussi dans son dernier film « Il Traditore », dans lequel, Bellocchio insère des images d’archive pour représenter l’histoire de la guerre ayant eu lieu dans les années 1980 entre les parrains de la mafia sicilienne, événement réel restant relativement méconnu encore de nos jours. Un récit politique dans lequel il nous raconte l’histoire de Tommaso Buscetta (Pierfrancesco Favino), un parrain de la mafia en Sicile qui, suite à la mort de certains membres de sa famille, décide de parler et collaborer avec la justice.

Un point fort du film est la construction du personnage mafieux, Tommaso Buscetta, qui est représenté de manière différente par rapport aux protagonistes des films qui abordent la question de la mafia (« Le Parrain », « Scarface »). Dans ce film, le protagoniste n’est pas montré en tant que héros, comme nous avons l’habitude de voir dans certains films, bien au contraire, le récit nous relève ses faiblesses, ses peurs, on le voit même pleurer quand il découvre qu’un membre de sa famille a été tué. Le spectateur ressent de l’empathie pour lui, mais le discours du film ne construit pas le personnage en tant que victime. En effet, l’histoire nous rappelle les atrocités commises en tuant des personnes et surtout, qui s’est rendu coupable de la mort de ses proches. De ce fait, l’innovation réside dans la construction d’un personnage ayant une identité très précise et un récit qui nous fait découvrir ses différentes nuances.

Pierfrancesco Favino a exécuté un travail superbe, en exposant très clairement la souffrance du personnage dans ses expressions et ses actes. Trahir est pour lui douloureux, mais il refuse la manière dont la mafia a changé ; cette dernière se différencie de la « Cosa Nostra », de la « vieille » mafia avec laquelle il a partagé des valeurs, entre autres celle de la famille. En outre, Favino a rendu complexe le personnage en élaborant un langage propre à lui qui mêle à la fois le brésilien, l’italien et le sicilien et change en fonction de l’interlocuteur avec lequel il est en train de se confronter.

Le film est remarquable aussi par la théâtralité des scènes du procès. Pendant lequel, tous les inculpés portent des masques, tous semblent être coupables et il en résulte la difficulté de reconnaître où se trouve la vérité. La mise en scène favorise le côté tragique de ces scènes : les mafieux sont enfermés dans des cages, comme des animaux, ils crient, ils s’insultent, ils gesticulent, se dénudent, tout pour attirer le regard et donc l’attention du juge. Au début du procès, on a l’impression qu’à l’intérieur de ce chaos, le juge a perdu le contrôle de la situation, passage qui résulte à la fois comique et surréel ; la théâtralité de la scène rejoint son apogée au moment où les femmes des mafieux se déplacent à l’intérieur de la salle, afin de rencontrer le regard de leurs maris, en criant en faveur de leur liberté.

Pour conclure, comme annonce déjà le titre, le film se construit autour d’une trahison, mais qui est le vrai traître ? La mafia qui n’a pas respecté la valeur de la famille ou Tommaso Buscetta qui a décidé de tout raconter ?

Le Traître (Il traditore)
IT, FR, BRZ, DE – 2019 – 135min
Drame
Réalisateur: Marco Bellocchio
Acteur: Pierfrancesco Favino, Maria Fernanda Cândido, Luigi Lo Cascio, Fabrizio Ferracane, Gabriele Arena, Fausto Russo Alesi, Alessio Praticò, Jacopo Garfagnoli, Patrick Simons
Filmcoopi
06.11.2019 au cinéma

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