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samedi, décembre 21, 2024
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« Hisss » : La déesse des serpents sublimée… ou pas.

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Tourné en 2010 par Jennifer Lynch, la fille du grand réalisateur David Lynch, « Hisss » scénarise de manière originale les nāga, les serpents en hindi, sous forme de réincarnation. Une bonne idée à la base, mais finalement mal dirigée, filmée et jouée.


A Nachi dans le Tamil Nadu au Sud de l’Inde, Georges States jubile. En effet, souffrant d’un cancer du cerveau, il désire ardemment depuis plusieurs années attraper un couple de cobras. Ceci afin de soigner sa grave maladie d’une part, mais surtout il a grand espoir de devenir immortel en s’imprégnant de leurs essences de vie. Car pour lui la légende indienne demeure claire, existe vraiment et en capturant un cobra mâle et une femelle, c’est-à-dire un nāga et une nāgini, il pourra guérir tout en souhaitant vivre comme bon lui semble. Pour cela, il doit donc impérativement attraper un couple. Néanmoins, si cela paraît simple en théorie, la pratique le sera moins. Car la femme-serpent s’enfuit avant que Georges ne l’attrape. Et il s’avère qu’elle n’apprécia pas du tout d’être séparée de son amoureux… Sa vengeance sera terrible et elle ne laissera aucun coupable hors d’état de nuire.

Si Jennifer Chambers Lynch est effectivement la fille du metteur en scène de la franchise télévisuelle « Twin Peaks », soit David Lynch, son parcours professionnel diffère clairement de son père. En premier lieu écrivaine, notamment avec son livre à succès « Le Journal secret de Laura Palmer », elle débuta sa carrière dans le 7ème Art en qualité de scénariste-réalisatrice. Tout d’abord en écrivant ses scénarios comme « Hisss », puis en participant activement au sein de séries télévisées à l’exemple de la récente et excellente « 9-1-1 ».

Un virage professionnel beaucoup plus intéressant qu’il ne paraît, car la majorité de ses films n’eurent pas le succès escompté. A regret d’ailleurs pour une partie d’entre eux. En effet, si la mise en scène ou encore les dialogues d’ « Hisss » demeurent proches de la catastrophe, l’idée scénaristique de base s’avère intéressante et même captivante. En fait, sa fiction rend non seulement hommage aux serpents et cobras, mais Jennifer Lynch dénonce aussi certaines conditions humaines inacceptables, entre autres envers les femmes.

Néanmoins, au-delà de ce triste aspect toujours trop actuel, la réalisatrice s’intéresse surtout à une légende asiatique, à celle de serpents pouvant se transformer en cas de nécessité, en femmes. Si cette phase reste assez bien filmée, interprétée et démontre la sensualité de la comédienne Malika Sherawat (« Hawaii Five-0 »), rares sont les autres séquences autant dignes d’intérêt.

A propos de serpents et plus particulièrement des cobras, « Hisss » rend un hommage particulier à l’un des chefs-d’œuvre indiens au travers du long-métrage impressionnant et culte de 1986, « Nagina ». Une fiction relatant l’histoire peu banale d’une femme-serpent… Au passage et à propos d’anecdotes, l’auteure J. K. Rowling des « Animaux fantastiques » et d’ « Harry Potter » a repris le nom de « Nagini » de la culture indienne puisque le compagnon de « Lord Voldemort » a des affinité avec la transformation des femmes-serpents.

Pour en revenir à « Hiss », certes la fiction contient également quelques plans incluant une bonne dose d’hémoglobine et cela s’imbrique très bien à l’histoire et la rend un peu plus jouissive. Mais ce concept est trop vite délaissé et crée malheureusement, une perte supplémentaire de la qualité du film.

Si la performance de la comédienne Malika Sherawat en femme-serpent est assez sympathique et que la production lui a laissé la possibilité de faire ressentir sa sensualité, souplesse et d’exprimer plutôt bien plusieurs expressions faciales, le reste de la distribution ne correspond pas tout par rapport à leur personnage respectif. A commencer par, en principe, l’excellent Irrfan Khan (« Angrezi Medium ») qui joue beaucoup trop en-dessous de son talent. S’il remplace le grand acteur Amitabh Bachchan (« La Famille indienne »), Irrfan Khan n’arrive hélas, pas à relever le niveau du long-métrage. Quant au seul acteur américain en tête d’affiche, soit Jeff Doucette (« Grey’s Anatomy »), son personnage a beau être le méchant, il manque beaucoup de charisme et évoque beaucoup trop rapidement les raisons de ses méfaits.

Au final, si « Hisss » est à présent un nanar et qu’assurément de nombreux défauts font partie de la réalisation de Jennifer Lynch, il demeure toutefois sympathique et ce, même s’il ne s’adresse pas à un public sensible à l’hémoglobine.

Car il permet de passer un bon moment et de comprendre un peu mieux une légende locale à propos des sssssssssssserpents et de ce qu’il peut se passer si les humains ne les respectent pas.

Hisss
Inde – Etats-Unis – 2010 – 98mn
Drame, horreur
Réalisatrice: Jennifer Lynch
Casting: Irrfan Khan, Mallika Sherawat, Jeff Doucette, Divya Dutta

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