Le bouleversant biopic sur Corine Sombrun avait déjà eu son petit succès lors de sa parution littéraire en 2007. A l’occasion de sa transposition au cinéma, la réalisatrice Fabienne Berthaud a répondu à nos questions avec franchise et se souvient des moments tendres avec les rennes.
Bonjour Fabienne et bienvenue à Bienne. Je commence donc avec notre 1ère Quand s’est terminé le tournage et comment vous êtes-vous sentie directement après ?
En fait, le tournage d’ « Un Monde plus grand » c’est fini en deux fois parce que j’ai tourné une première partie en Mongolie. Donc pour moi, c’était déjà la fin d’une partie puisque je quittais les Mongols avec un déchirement du cœur énorme parce qu’on a vraiment partagé beaucoup de choses. Et après, j’ai fait une pause de deux mois pour retourner en Belgique. J’ai suivi les traces de Corinne Sombrun et son histoire qui a été initiée au chamanisme par un peuple qui s’appelle les Tsaatans qui sont des éleveurs de rennes nomades. J’ai donc fait 2 voyages en Mongolie pour aller les rencontrer avec Corinne et celle qui joue l’interprète dans le film. Elle est la véritable interprète qui 18 ans auparavant, a accompagné Corinne dans son aventure et je les ai rencontrés. J’ai vécu avec eux, j’ai partagé leur quotidien et j’ai demandé qu’ils acceptent qu’on vienne travailler avec eux. Au final, c’est une histoire de cœur ça ne peut pas se faire autrement là-bas.
Le film est donc une adaptation du livre de Corine Sombrun, « Mon initiation chez les chamanes ». Est-ce que vous avez pris des libertés scénaristiques où l’histoire a été respectée à la lettre ?
J’ai pris quelques libertés scénaristiques tout à fait. Parce que je me suis approprié cette histoire pour arriver à la ressentir au maximum. Mais, j’ai également énormément consulté Corinne dans tout ce qui est le domaine de la transe, du chamanisme et aussi dans le côté un peu recherche du cerveau, etc. Je n’arrêtais pas de la consulter pour être juste tout le temps. J’ai fait d’abord un travail très documentaire et après je l’ai transformé pour en faire un film. Mais bon, Corinne dans la vie n’a pas de sœur par exemple. Mais la sœur me permettait à moi, d’être dans cette constante qu’est ce questionnement, mais il faut y croire… On n’y croit pas. Et moi je suis les 2. J’y croyais quand j’étais avec les Mongols qui sont extrêmement spirituels et qui croient aux esprits.
Une personne importante dans la véritable histoire de Mme Sombrun a été supprimée dans votre réalisation. Il s’agit de la photographe et aide Laetitia Merli. Pour quelles raisons ?
J’ai dû la remplacer par « Nara ». Je ne peux pas tout raconter dans le moindre détail et du coup oui, je pense que « Nara » fait office de tout ça en fait.
Comment avez-vous procédé pour le tournage sur le terrain en Mongolie ?
C’était un peu particulier parce que quand on va tourner en Mongolie, là où nous sommes allés, c’était vraiment à la frontière avec la Sibérie. C’est le berceau du chamanisme là-bas. Donc pour pouvoir faire le film, les Mongols nous ont dit qu’on devait faire une cérémonie pour demander aux esprits s’ils sont d’accord. Donc, toute l’équipe est allée dans la forêt en respectant les traditions mongoles avec un vieux chamane qui était un homme formidable et il a fait une cérémonie pour savoir si tout allait bien se passer. Et si les esprits étaient OK pour qu’on fasse le film. Mais même moi avant d’accepter le projet, quand j’ai fait mon 1er voyage en Mongolie je suis allé leur demander. Ils m’ont dit oui et ils étaient tous positifs.
Que ce soit Cécile de France ou quelqu’un d’autre, de vraies transes ont-elles été ressenties ?
Les transes qui sont dans le film n’en sont pas des vraies, c’est de la fiction. Mais c’est très documenté et j’ai assisté à beaucoup de cérémonies avec des chamanes, que j’ai observé longuement. A partir de là, j’ai recréé une cérémonie chamane. Car une vraie dure au moins 4 heures.
Pour terminer, vous avez également beaucoup tourné avec les rennes. Comment cela s’est-il passé ?
Qu’ils sont beaux les rennes ! Les rennes sont les amis des hommes là-bas. Ils vivent à côté des tipis. Ils sont comme des chiens, ils partagent leur existence et donc, ils font partie de leur vie. On était juste fascinés par ces animaux tellement particuliers et qui ont une santé très fragile en plus. Ce sont des animaux très, très délicats. Trop de chaleur les encombrent. Mais on a pu les monter et le prendre dans nos bras.
Un Monde plus grand
FR – 2019 – 100min
Drame
De Fabienne Berthaud
Avec Cécile de France, Tserendarizav Dashnyam, Arieh Worthalter, Ludivine Sagnier
JMH
30.10.2019 au cinéma