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samedi, décembre 21, 2024
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Eléa Gobbé-Mévellec : « L’animation joue avec le réel »

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

En 2018, nous avions interviewé la cinéaste durant un work-in-progress au festival de l’animation d’Annecy. Prévu à la base de la rencontrer au « FFFH » à Bienne, cela ne put finalement se faire. Toutefois, elle accepta de répondre à nos questions au travers de notre échange écrit.


© Photographie Frédéric Vadon

Bonjour Eléa et merci beaucoup de prendre de votre temps pour nos nouvelles questions. Comment vous sentez-vous depuis notre dernière rencontre ?

Extrêmement bien ! Soulagée que le film soit terminé et heureuse de le voir vivre aujourd’hui après ces longues années de travail. Je suis heureuse de mesurer tout ce que cette expérience m’a apporté et m’apporte encore. J’ai hâte de me remettre au travail.

« Les Hirondelles de Kaboul » vient d’être diffusé dans les cinémas français et romands. Et vous êtes en pleine promotion. Comment gérez-vous cette partie qui n’est pas du tout artistique ?

J’essaie de gérer comme je peux ! C’est un nouvel exercice que je découvre complètement et que j’apprends. Il est loin de celui de la fabrication, qui est initialement la partie du métier que j’affectionne, mais je me rends compte à quel point c’est constructif et enrichissant. Ça donne son sens au processus créatif de rencontrer les spectateurs.

Vous avez travaillé aussi sur « Ernest et Célestine ». Quelles différences, au sens large, percevez-vous entre cette animation et « Les Hirondelles de Kaboul » ?

C’est difficile de comparer ces deux films, au-delà de leur traitement graphique aquarellé et de leur procédé technique en animation 2D, ils sont très différents. J’ai l’impression que l’animation d’Ernest et Célestine permet de faire exister un univers imaginé dans toute sa grâce avec beaucoup de liberté, de donner une autre forme de vie aux dessins de Gabrielle Vincent (auteure des livres dont le film est adapté). Dans les « Hirondelles de Kaboul », l’animation joue avec le réel, dont elle s’approche et s’éloigne pour créer un regard différent.

Durant l’une des séquences de l’animation, on peut entendre un groupe de femmes punk (le trio « Burka Band »). Comment l’avez-vous choisi et pour quelles raisons ?

Un ami nous a fait découvrir ce clip de femmes afghanes, où elles jouent de la guitare électrique et de la batterie en tchadri, à l’époque du régime taliban alors en place. Elles se filment même depuis l’intérieur du tchadri (voile couvant l’ensemble des femmes en Afghanistan). Avec Zabou (Zabou Breitman, la coréalisatrice de l’animation) on a adoré leur force et leur dérision, on a voulu leur rendre hommage. Elles sont tellement l’expression du film, elles ont ce pouvoir de résistance porté par les femmes des « Hirondelles de Kaboul ».


Quelle a été la scène graphique la plus complexe à créer et pourquoi ?

Elles ont toutes été très complexes car il fallait trouver un caractère propre à chacune, simple et efficace. Les scènes d’exécution ont été particulièrement compliquées à mettre en place. Techniquement, à cause du fourmillement d’éléments visuels comme les foules et les véhicules, c’est compliqué de conserver la simplicité du graphisme. On s’imagine qu’il faut tout dessiner, alors qu’on peut rester très évocateur là aussi. Ça demande un peu de recherche graphique hors de la méthode globale appliquée, ce qui n’est pas évident dans la chaîne de fabrication.

Actuellement, comment ressentez-vous l’avis du public par rapport aux « Hirondelles de Kaboul » émis dans plusieurs festivals ?

Les retours sont vraiment forts. J’ai l’impression que les spectateurs apprécient la distance que pose l’animation sur ce réel très violent et son histoire. Le regard différent que cela permet, la place que ça laisse de s’y projeter. Les émotions sont vraiment palpables pendant et après les séances de projection. Les éléments du film leur paraissent très réels alors qu’il s’agit de dessins, c’est assez fabuleux.

© Daily Movies, festival d’animation Annecy 2018


Vous souvenez-vous de votre premier dessin ?

Je me souviens de séries de dessins que je faisais à l’école maternelle. Encouragée par mon institutrice, j’adorais dessiner des dames avec des coiffures sophistiquées et des robes ultra détaillées, pleines de motifs et d’ornements très kitchs, avec des paniers à nœuds sur les hanches.

Et pour finir, quels sont vos prochains projets ?

J’ai plusieurs projets de long-métrages d’animation en tête, dont surtout un qui se dessine dans mon esprit de plus en plus. Plutôt adulte, avec une transposition graphique du réel qui laisse la place d’y exprimer d’autres choses.

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