Elle était l’une des figures, souvent et parfois, oubliée derrière ses camarades masculines, de la Nouvelle Vague. La cinéaste Agnès Varda est décédée d’un cancer dans la nuit, à l’âge de 90 ans, annonce sa famille ce vendredi.
Avec son éternelle coupe au bol, très reconnaissable parmi les réalisateurs, Agnès Varda était une figure du cinéma indépendant, à la fois poétique et engagée, source d’inspiration pour nombre d’artistes. Seule représentante féminine de la Nouvelle vague, Agnès Varda laisse derrière elle une œuvre marquée par l’humanisme, entre documentaire, fiction et autobiographie. Une folle aventure cinématographique.
Un parcours étonnant !
Parmi les œuvres les plus marquantes de sa filmographie figurent « Cléo de 5 à 7 », sorti en 1962, « L’une chante, l’autre pas » (1977) ou encore « Sans toit ni loi » (1985). Pour la petite anecdote, quand elle réalise en 1954 son premier film « La pointe courte », elle a peu de moyens financiers et presque aucune culture cinématographique, mais cela ne l’empêche de réussir à surprendre la gente masculine de l’époque. Agnès Varda tourne aussi plusieurs documentaires politiques comme par exemple avec le documentaire « Salut les Cubains » (1963), et « Black Panthers » en 1968. Plus tard, elle embrassera aussi la cause féministe avec « L’une chante, l’autre pas » en 1977 qui a pour sujet l’avortement.
Le social avant et toujours !
Son combat s’exprime dans « Sans toit ni loi », Lion d’or à Venise en 1985 et avec « Les glaneurs et la glaneuse » sortie en 2000. Dans ce dernier, Agnès Varda s’intéresse aux pauvres qui récupèrent dans les champs ou sur les marchés les légumes abîmés ou invendus. L’occasion de braquer les projecteurs sur la pomme de terre, le « légume le plus modeste, le plus pauvre, celui qu’on ne regarde pas », disait-elle.
Ces dernières années, elle s’était d’ailleurs concentrée sur les documentaires, à dimension autobiographique avec « Les plages d’Agnès » en 2008 et cette année avec « Varda par Agnès ». Par ailleurs, elle avait récemment arpenté la France rurale avec l’artiste contemporain JR à bord d’un « camion photomaton ». Un projet qui avait donné lieu au documentaire « Visages, villages« , sorti en 2017 et qu’ils ont coréalisé.
Parmi les distinctions de ces dernières années, en 2015, elle avait reçu une Palme d’honneur au Festival de Cannes. Une distinction qu’elle estimait être un prix de « résistance et d’endurance ». En 2018, à Cannes, avec Cate Blanchett et entourées de 80 actrices, productrices, elle avait plaidé pour l' »égalité salariale » dans le 7e art. Une image forte confortant son statut d’icône et doyenne du cinéma.
Dernièrement, à la Berlinale 2019, elle avait présenté son dernier documentaire, « Varda par Agnès ». Ce film était, pour elle, « une façon de dire au revoir ». Son dernier film sortira au mois de septembre en Suisse romande. Il est néanmoins déjà programmé en avant-première suisse dans le cadre du festival Visions Du Reel à Nyon, le jeudi 11 avril à 21h00 au Théâtre de Marens.