De Damas en Syrie, à un repas avec Walt Disney… Lucienne Chianori ne le savait pas encore durant sa jeunesse, mais elle allait devenir une incroyable comédienne, marqua plusieurs générations vocalement et osa même porter plainte en remportant une victoire inespérée.
C’est au début des années 30 que Lucienne Chiaroni, plus connue sous le nom de Lucie Dolène, naquit à Damas en Syrie. Si ses parents sont tous 2 Français, elle leur doit ses connaissances du monde par le biais de leur emploi et notamment celui de son papa. Il travaillait en effet en qualité d’officier du renseignement et dû souvent déménager avec sa fille et son épouse répétitrice.
C’est toutefois 20 ans après qu’elle devint Lucie Dolène (son nom de famille provient de son village natal, soit Monacia-D’Aullène) et s’intéressa d’abord fortement au domaine musical. Tout d’abord, comme soliste, puis choriste et finit par chanter au sein de plusieurs music-halls parisiens où elle fit de formidables et incroyables rencontres… Comme l’immense Orson Welles (« Le Procès ») qui essaya même de la séduire.
Au cours des années 50, elle rencontra et se maria avec Jean Constantin, célèbre auteur-compositeur et interprète des « Les quatre cent coups », par exemple. Toujours durant cette période, Lucie se lança dans le doublage jusqu’à se faire repérer par la major « Disney » qui la choisit pour doubler en paroles et en chants, l’héroïne de « Blanche-Neige et les Sept Nains ».
Par la suite, elle fit d’autres fructueuses et impressionnantes collaborations au niveau du doublage car en plus de 60 ans de carrière, elle participa notamment à de nombreux « Disney » comme « Anastasia en 1997 », l’inoubliable « Madame Samovar » dans « La Belle et la Bête » ou encore, « Amour, Gloire et Beauté » durant presque 20 ans.
Si le grand public la connaît principalement par rapport à son travail vocal, dans le milieu du doublage les anciennes et nouvelles générations savent surtout qu’elle a réussi un coup incroyable et inespéré. En effet, en 1994 et en s’inspirant d’une affaire judiciaire aux Etats-Unis, elle décida de porter plainte contre le géant aux grandes oreilles (« Disney ») car elle avait reçu uniquement son cachet de chanteuse et aucun autre droit quant à ses personnages doublés (notamment celui de « Blanche-Neige »). Contre toute attente et 2 ans après, elle gagna le procès contre la major. Malheureusement, seulement légalement car afin d’éviter de lui payer des droits, le studio redoubla l’entier des rôles de Lucie Dolène…
Quoiqu’il en soit, entre ses rencontres improbables avec Walt Disney au cours d’un gala aux Etats-Unis, son travail remarquable et sa voix claire, comme tant d’autres de ses collègues vivants ou décédés dans le milieu du doublage, elle restera à une voix inégalée et combative.