Le 20 et 21 octobre dernier à Sion, une convention sur le thème du Japon eu lieu. Pour la 6ème année consécutive, plusieurs invité-e-s, cosplayeurs-euses et exposants furent présents sur place dans l’intention de profiter de la bonne ambiance et de se faire connaître. Pour la première fois, nous étions aussi au rendez-vous et avons rencontré les comédiennes (en doublage) Carolines Combes et Pascale Chemin.
Bonjour Mesdames, bienvenue et merci de répondre à nos questions. Vous êtes des voix très connues dans le milieu de l’animation japonaise, comment en êtes-vous arrivées là ?
Caroline Combes : Par hasard en fait. Ce n’était pas du tout mon intention de devenir comédienne de doublage, notamment dans le domaine du manga. C’est la musique qui m’a amenée au manga (Caroline est une des fondatrices du groupe « Arom ») et c’est au travers des mangas que j’ai effectué mes plus beaux rôles. C’est une passion pour moi et j’espère continuer à en doubler toute ma vie.
Pascale Chemin : Moi aussi c’est un peu par hasard. Quand on fait un métier artistique, il est difficile de l’imaginer tout tracé. Il évolue au gré de nos rencontres et c’est grâce à ceci que j’ai pu doubler l’un de mes premiers animés, soit « GTO » (un animé très connu avec un professeur fêlé et ses élèves) il y a quelques années. Mais mon arrivée dans ce milieu n’était absolument pas préméditée.
Selon vous, l’animation japonaise a-t-elle évoluée au fil des années permettant des rôles forts pour les femmes ?
CC : Personnellement et depuis que je prête ma voix dans les mangas, les rôles féminins que j’ai interprétés ont toujours été très, très forts, extrêmes dans les émotions et dans l’action. On voit toujours beaucoup de guerrières, d’aventurières et ça n’a pas changé depuis que je fais du manga. Je suis confrontée à ces personnages extraordinaires de femmes fortes.
PC : On me pose souvent cette question pour les jeux vidéo et j’ai l’impression que le manga, comme les jeux vidéo et tout autre support du genre, sont en harmonie avec ce que la société reflète. La difficulté que nous avons clairement en France pour les comédiennes, c’est le trou, le manque, pour celles qui ont 50 ans. C’est-à-dire que dans notre pays, il n’y a pas de rôles pour ces dernières à partir de 50 ans. Donc, il y a vraiment un problème à ce niveau, même si beaucoup de comédiennes se battent pour que cela change.
Le monde du doublage est de plus en plus reconnu. Trouvez-vous que cela a pris du temps ?
PC : Oui c’est vrai. Mais, il ne faut pas oublier qu’avant tout ça, il y avait déjà des put** de bons acteurs qui prêtaient leurs voix dans les années 80 et qui ont fait l’âge d’or du doublage (les générations suivantes l’ont fait et le font toujours), comme Roger Carel (voix officielle à la retraite d’ « Astérix ») et bien d’autres. C’était quand même de sacrés bons acteurs et oui, peut-être qu’à cette époque-là, on communiquait moins, car internet n’existait pas. On ne peut qu’être ravis que cette partie de notre métier soit reconnu, mais il ne faut pas oublier que le doublage est arrivé avant nous avec des gens extrêmement talentueux et que les suivants le seront tout autant.
Qu’est-ce qui est le plus difficile pour vous à retranscrire comme émotion lorsqu’elle ne doit être ressentie que vocalement ?
CC : Je ne pense pas que cela soit que vocalement qu’on la retranscrit. C’est tout le corps qui le fait aussi. Quand on est à la barre (dans ce sens, cela signifie que le-la comédien-ienne est face à un écran où un texte défile et il faut reproduire au plus juste la synchronisation des personnages du film, de la série, du jeu vidéo, etc.), on n’est absolument pas immobile. Surtout dans le manga où ça n’arrête pas de bouger et d’être extrême dans tout. Donc, vocalement, ce n’est qu’une petite partie (rires). Qu’est-ce que t’en penses, Pascale ?
PC : Ce qui est difficile pour moi dans la contrainte de l’enregistrement, c’est effectivement de coller le plus possible à l’original et donc de faire passer des émotions. Je pense que le travail d’un comédien qu’il soit en scène, à l’image ou derrière un micro, c’est de faire passer une émotion qui soit reconnaissable, identifiable et que cela touche directement les spectateurs. Je pense que, comme Caroline, à la barre, on est dans notre globalité même si c’est notre voix qu’on perçoit avant tout.
Hormis travailler dans le doublage, que faites-vous artistiquement ?
CC : Je suis une photographe amateure. Je prends des photos et les retravaille après et cela me procure toujours beaucoup de bonheur. Je chante aussi beaucoup sous la douche (rire). Non, en fait, c’est vrai que je chante, mais plutôt dans les mangas et pour les dessins animés. C’est toujours une chance incroyable de le faire.
PC : Durant un moment, j’ai coaché beaucoup d’enfants dans le cinéma pour des castings. Vocalement, j’adore faire du livre audio parce que c’est un autre temps, celui de la narration. Quand on me propose un tel projet, je lis le livre chez moi avant. À savoir que la durée audio peut prendre du temps selon la longueur des romans (on peut arriver à 15-16h d’écoute).
Pour terminer, quels sont vos prochains projets dans le milieu du doublage ?
CC : Ils sont curieux, c’est pas possible… On est adorées hein ? (rire). On a des projets, par-ci, par-là qui vont peut-être se faire, ou pas. Qui sait… Vous verrez bien.
PC : Alors, on peut comprendre ce type de question, mais en fait, nous avons une chose très simple ne nous permettant pas d’y répondre directement. Avec les jeux vidéo, par exemple, nous avons des contrats de confidentialité. Il m’est donc impossible de vous préciser la date de sortie ou de vous donner les noms des 2-3 jeux auxquels j’ai participé. Pour moi, effectivement, il y a le 2ème volet des « Animaux Fantastiques » (au cinéma depuis le 14 novembre 2018) et auquel j’avais déjà participé en 2016. En tout cas, vous pouvez être sûrs que s’il y a une suite de « Yo-Kai Watch », d’un dessin animé, etc. et que nos personnages reviennent, il est très probable qu’on y sera.
Interview réalisée en collaboration avec Baka News Network