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vendredi, décembre 20, 2024
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« Chanson douce » : Une nounou… d’enfer

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Basé sur un fait divers ayant eu lieu à Manhattan en 2012, « Chanson douce » s’est d’abord transformé en roman, puis en une transposition homonyme très réussie. Un long-métrage surprenant, choquant et démontrant jusqu’où l’être humain peut aller…


Myriam et Paul sont des jeunes parents heureux. Cependant et après en avoir discuté avec son mari, Myriam décide de reprendre son travail. Malgré leurs agendas chargés, ils se trouvent donc un moment pour choisir une nounou pouvant plaire à leurs enfants. C’est ainsi que Louise arrive dans leur petite famille. Attentionnée, ponctuelle, empathique et consciencieuse, elle va les combler de bonheur. Du coup, les enfants sont enchantés et le couple prend à nouveau du temps pour eux dès qu’il le peut. Mais le temps passant, Louise montre des réactions et agissements parfois étranges, troublants, puis, c’est le drame…

Adapté du roman de Leïla Slimani écrit en 2016, l’adaptation faite par Lucie Borleteau (Un Beau soleil intérieur), s’avère être un excellent long-métrage angoissant et soigné. Si la metteuse en scène a choisi de s’intéresser davantage au livre qu’au fait divers ayant eu véritablement lieu en 2012 aux États-Unis, sa manière de filmer plonge au fur et à mesure les spectateurs-trices, dans une spirale très intense et parfois à la limite du supportable.

Au niveau de la reconstitution des décors et surtout des interprétations des rôles, elles demeurent bluffantes jusqu’à la fin de la fiction. D’autant plus pour Karin Viard (Les Chatouilles) qui incarne à la perfection le personnage de la nounou au prime abord charmante et bienveillante, mais cachant également très bien son jeu.

Du reste, la comédienne demeure impressionnante en interprétant un rôle à contre-courant par rapport à sa carrière. Si elle avait déjà choisi un virage différent en 2011 avec le chef-d’œuvre « Polisse », le fait qu’elle partageait l’affiche en compagnie de nombreux autres grands noms du 7ème Art français ne la mettait pas plus en avant que ses collègues. C’était d’ailleurs la force de ladite réalisation. Néanmoins au travers de « Chanson douce », elle a énormément de présence physique et elle explore des émotions souvent sombres, à la perfection.

Cependant, sans Assya Da Silva (« Mila » dans la réalisation) et son petit frère, le trio ne fonctionnerait pas autant. Si la toute jeune comédienne débute, son talent s’en ressent d’emblée. Au niveau du bébé, malgré son âge et son impossibilité de s’exprimer avec du vocabulaire, les caméras l’ayant filmé ont parfaitement bien capturé et rendu ses différents sentiments. Allant des pleurs jusqu’aux rires, mais toujours avec un encadrement parental sain. Quant aux parents, même si les rôles respectifs de Leïla Bekhti ( J’irai où tu iras ) et Antoine Reinartz (Alice et le maire) sont un peu moins importants, leurs interprétations ajoutent la pointe de candeur, puis d’angoisse utiles et nécessaires par rapport à l’histoire.

En fait et excepté quelques séquences extérieures, « Chanson douce » demeure un huis-clos authentique, intense et brillant. A mesure que le suspens augmente, les spectateurs-trices se sentiront davantage captivé-e-s par le long-métrage réservant également de nombreuses surprises.

Si « Chanson douce » ne juge pas les actions des personnages principaux, se sera plus certainement au public de le décider en bien ou pas. Toujours est-il que le thriller s’adresse moins aux femmes enceintes, aux personnes sensibles aux problématiques enfantines ainsi qu’aux nouveaux parents.

Il est toutefois à espérer que le public ne fasse pas d’amalgame et ne cesse pas d’engager les nounous par crainte d’un éventuel problème. Il vaut mieux aussi espérer que les parents véritablement concernés par cette sordide affaire aux Etats-Unis, puissent dissocier la fiction de leur réalité. Car même si le film de la metteuse en scène Lucie Borleteau évite la polémique, selon la réceptivité du public, il pourrait malheureusement se percevoir ainsi.

« Chanson douce » reste donc un chef-d’œuvre fictif, proche de la réalité, mais qui s’apprécie pour son originalité et ses comédiennes-iens magistales-aux.

Chanson douce
FR   –   2019   –   95 Min.   –   Drama
Réalisatrice : Lucie Borleteau
Acteur: Leïla Bekhti, Karin Viard, Antoine Reinartz
Frenetic
27.11.2019 au cinéma

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