Dans une famille, il en a toujours un ou une pour marcher en dehors des sentiers battus. Par révolte, par ambition, par nature ? Un voyage qui est initié par un membre de la famille pour que celui qui l’empreinte finalement puisse le terminer. Un portrait bouleversant d’une famille abîmée qui tente de trouver les clés d’un bonheur promettant des jours des lendemains qui chantent.
Rose arrive en France avec deux de ses fils, Jean et Ernest, afin de vivre une vie meilleure qu’en Côte d’Ivoire. La jeune femme va découvrir que le combat d’une vie est partout ressemblant et que les difficultés d’élever des enfants seule sont réelles. Tant bien que mal chaque membre ce petit clan pas si fermé va prendre des chemins aux divers méandres souvent glissants.
Un drame doux-amer sur les épreuves quotidiennes d’une maman en perte de repères et de ses enfants qui courent désespérément après un bonheur fantasmé. Des années 1980 à aujourd’hui, chaque personnage subi tour à tour les coups de pouce du destin et les injustices de la société dans laquelle ils ont du mal à vraiment creuser leur place. La plupart des parents désirent le meilleur pour leurs enfants, certains y parviennent dans une mesure raisonnable et beaucoup se heurtent aux désillusions de buts sans plus surréalistes que ce qu’ils ne paraissaient au départ.
Ce qu’il faut retenir de cet exposé intime, est sûrement que rien ne vaut les liens du sang même encombrés de douleurs et d’incompréhension pour autant que les échecs soient provoqués par de la bienveillance. Chacun forge sa route, avec les outils que la vie leur offre. Avec la palette du libre-arbitre, on ne peut pas savoir où se fera vraiment l’atterrissage. Les dés ne sont pas pipés tant que l’on continue à les lancer. Il est également essentiel que chaque membre d’une famille garde son rôle et n’endosse pas les responsabilités des autres, au risque de se perdre.
Le scénario est écrit avec délicatesse pour traiter des sujets durs comme l’immigration, la précarité, la peur de l’avenir, l’abandon ou encore la dépression. À l’image, les acteurs font preuve d’une grande compréhension de la pudeur de leur personnage, ce qui ajoute une valeur émotionnelle intense à l’ambiance déjà chargée. On sent le point du désarroi de Rose (Annabelle Lengronne) et son désir de lui échapper. On assiste, impuissant, à la lutte de Jean (Stéphane Bak) pour ne pas reproduire les erreurs de sa mère, avant de s’y enfoncer avec dépit. On s’envole enfin aux côtés d’Ernest dans la voie à laquelle il se cramponne pour atteindre un début de changement de vie plutôt réussi.
Pour finir, on pleure et on souffre que les personnages ne puissent pas garder le bonheur comme seule réussite. La vie est dure pour tous. C’est en cela que ce film est grandiose, il permet une identification, dans les grandes lignes, pour tous. Nous sommes les auteurs de notre tableau.
Un petit frère
FR – 2022 – Drame – 116min
De Léonor Serraille
Avec Annabelle Lengronne, Stéphane Bak, Ahmed Sylla, Kenzo Sambin
Cineworx
08.02.2023 au cinéma