Une aventure familiale qui booste les liens étroits du sang et leurs dérives. Le père devient tremplin et sublime son rôle de parent et d’humain dans un élan d’amour et un cri d’espoir.
Jean Guarneri s’achète une caméra et commence à filmer son quotidien spontanément, afin de secouer le talent endormi de son plus jeune fils Jules qui adore filmer. À travers, des images éparpillées, les jours défilent autour de l’histoire personnelle passée et présente de la famille. Jean arrivera-t-il à susciter une vocation qu’il pense latente chez son fils ? Brasser ainsi les réalités et les secrets sera-t-il salvateur à bien des égards ou au contraire destructeur ? En tous cas, Jean est persuadé que quelque chose de nouveau naîtra de cette expérience insolite.
À l’époque surexposée aux écrans dans laquelle nous vivons, il est devenu bien difficile de vivre dans l’intimité. Il est certainement préférable de prendre les rênes de ces technologies envahissantes plutôt que de subir leurs effets. La volonté d’un père aimant d’aider, de la meilleure façon et sans être trop intrusif, son fils à se réaliser, est louable. Après tout, le rôle suprême d’un parent est de montrer les voies à suivre à ses enfants. Libre à eux de les suivre ou pas. Il est vrai que l’on pourrait facilement tomber dans un jugement facile de classe sociale privilégiée en regardant les extraits du quotidien de cette famille aux parents rentiers, n’ayant jamais eu besoin de travailler, mais ce serait une erreur de rester sur cette impression.
Le bénéfice de cette vie est que le père a pu consacrer sans effort son attention sur ses enfants. Dans d’autres cas de figure familiale, les parents doivent garder une discipline plus déterminée pour offrir la même opportunité. Dans tous les cas, la décision de bienveillance est la même. On choisit d’aimer vraiment ses enfants en se tenant à leurs côtés pour qu’ils puissent découvrir qui ils sont, comme on choisit d’imposer des idées et des principes de vie et enfin comme on choisit de ne pas s’investir dans leur vie.
L’avenir nous dira si l’élan cinématographique aura été bénéfique ou seulement passager. Le fait est, que ce film existe. C’est par conséquent une première réalisation, une victoire vers l’avenir créatif de Jules Guarneri. Finalement, ce film est un héritage, une lettre ouverte moderne d’un père à son fils. Le constat d’un changement crucial et déterminant pour cette famille est indéniable. Le père qui s’efface devant les autres membres de la famille, vivants ou décédés, est également un talentueux inspirateur qui s’ignore.
Les qualités de meneur de proue évidentes ainsi que son talent créatif, ne semblent pas connus par leur propriétaire, qui ne cesse de se dévaloriser tout au long de la narration. Un second volet serait probablement intéressant.
Côté technique, le montage est parfait. Même si la durée est courte, les scènes choisies sont imbriquées les unes dans les autres de façon fluide. La lumière est merveilleuse et le jeu des ombres n’a de reflet que la dureté des sentiments. Les sentiments justement qui sont exposés naturellement plus dénudés que scénarisés, ce qui augmente le voile intimiste de ce morceau de fresque familiale et finalement représentatif d’une nouvelle société.
Cette œuvre mérite le détour, à conditions de pouvoir scruter l’authentique au-delà du déshabillage.
Le Film de Mon Père
CH – 2022 – Documentaire – 73min
De Jules Guarneri
Firts Hand Films
25.01.2023 au cinéma