Si le grand public a certainement repéré le nom de Nicolas Bedos suite à son croustillant « OSS 117 », sa nouvelle réalisation est à l’opposé de la comédie. Dramatique et sur fond d’hypocrisie quotidienne, « Mascarade » captive vite, malgré quelques longueurs.
Adrien et Martha semblent s’aimer d’une manière peu conventionnelle… Normal, lui et un jeune gigolo qui aime séduire les femmes plus âgées, elle fait presque la même chose, mais parce qu’elle désire ne pas être seule. Si Adrien vit dans une certaine « routine » avec ses combines parfois incroyables, sa vie va basculer le jour où il rencontre Margot. Tombant véritablement fou amoureux d’elle, notamment grâce à sa spontanéité, le couple va monter un plan redoutable et attaquer 2 victimes bien distinctes pour des motifs très personnels. Soit un agent immobilier et une ancienne comédienne star du cinéma. Si l’arnaqueuse professionnelle et son amoureux se préparent à toute éventualité, Adrien réalisera au fur et à mesure, que la situation pourrait lui échapper et que le pire peut arriver.
Au sein du nouveau long-métrage du cinéaste susmentionné, une ribambelle de personnages vivant à la Côte d’Azur et qui démontrent souvent, le pire de l’espèce humaine. De l’hypocrisie aux magouilles, de la jalousie à la vengeance, l’être humain est capable de beaucoup pour se détruire…
Par rapport aux rôles principaux, si le rusé « Adrien », joué par Pierre Niney (« Goliath »), et l’excellente manipulatrice « Margot », incarnée par Marine Vacth (« ADN »), portent beaucoup le long-métrage, les personnages un peu plus secondaires ont tout autant leur importance. Surtout, ils pimentent et amènent des situations originales, parfois inimaginables et souvent dramatiques.
Ainsi, la charmante « Martha », alias Isabelle Adjani (« Peter von Kant ») et son collègue François Cluzet (« L’Homme de la cave ») qui incarne donc le naïf « Simon », vont se retrouver malgré eux, au cœur d’une arnaque rudement menée.
Si « Mascarade » se base sur le vécu et les observations de son cinéaste Nicolas Bedos, pour les spectateurs-trices ayant vu « L’Arnacoeur » en 2010, il sera presque impossible de ne pas faire de liens. Néanmoins, « Mascarade » s’avère plus mordant, porté sur la richesse et très éloigné d’une comédie.
En outre, cette histoire captive assez vite par rapport aux raisons précitées. Toutefois, elle demeure un peu trop longue. En effet, certaines scènes auraient pu être raccourcies ou même, supprimées afin de créer une mise en scène contenant davantage de mystère.
Comme mentionné, la luxure, l’envie et divers faits réels font parties intégrantes du long-métrage. Si les bases de « Mascarade » s’écrivirent durant le tournage d’ « OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire », Nicolas Bedos avait d’abord l’intention d’en faire un roman. Pour réaliser rapidement qu’il se sentait plus à l’aise avec la création d’une nouvelle réalisation.
Il décida également d’employer un autre format pictural et ce, malgré la technologie très avancée. Il choisit donc de tourner en pellicule au lieu du numérique. Ceci par exemple, afin de garder une esthétique assez intemporelle, une brillance plus soutenue dans les regards ou encore, pour filmer un récit actuel avec des outils davantage nostalgiques.
Musicalement et cette fois-ci, ce n’est pas Nicolas Bedos qui créa la composition de « Mascarade ». Car pendant le montage sonore, le polyvalent cinéaste réalisa que sa partition n’était pas assez ambitieuse et les morceaux devaient avoir davantage d’intensité et de sobriété.
Faute de temps et d’inspiration, il jugea préférable de collaborer quant aux créations musicales, avec la compositrice Anne-Sophie Versnaeye (« La Belle époque ») qu’il connut au travers de certaines de ses autres fictions.
En définitive, « Mascarade » ne s’adresse pas à un large public par son côté tragique et complexe. Intelligent, parfois surprenant et très bien mis en scène, « Mascarade » permet aux spectateurs-trices curieux-euses d’aller le voir, de découvrir un décor inversé dans la Côte d’Azur. Et surtout, que la richesse ne fait pas tout…
Mascarade
FR – 2022 – Comédie dramatique, Policier – 135min
De Nicolas Bedos
Avec Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet, Marine Vacth…
Pathé Films
02.11.2022 au cinéma