C’est le pari du contraste qu’a tenté Steven Soderbergh pour l’accompagnement musical de son élégante série HBO/Cinemax « The Knick ». À l’écran, l’anachronisme exacerbé de la chronique d’un hôpital en plein cœur d’une New York victorienne avec en fond les sonorités électroniques modernes de Cliff Martinez, c’est l’effet de surprise assuré. Les sombres synthétiseurs sonnent, retentissent et claironnent sur un registre résolument inquiétant, suggérant le pouls sordide des caniveaux, ou d’un souterrain malfamé. Aspirant à s’éloigner du romantisme léger de « Drive » ou de l’électro-pop panachée de « Spring Breakers », « The Knick » est pourtant empreint de ce qu’on pourrait être tenté d’appeler une inoffensive noirceur. Le ton a changé, mais c’est le même matériau gracile et aérien que Martinez emploie. On regrette peut-être qu’il ne se soit pas aventuré dans des sonorités plus lourdes ou vaseuses. En somme, si ça marche pour la série, c’est nettement moins efficace à l’écoute seule, et même un peu barbant.
The Knick
Cliff Martinez
Milan Records