Brindille et Casquette ont pour habitude de jouer au loto. Un soir, leur rêve devient réalité lorsqu’ils gagnent le gros lot. Seulement les ennuis pour encaisser le chèque commencent car ils sont SDF. Après un jeu de cache-cache avec le système administratif français, ils apprivoisent la vie en communauté chacun avec sa définition.
Un film qui soulève plusieurs incohérences des systèmes des sociétés humaines sans vraiment y plonger hélas. Nous pénétrons brièvement un domaine de solitude dépeint en trois facettes existantes, mais pas exhaustives pour autant. Le personnage de Casquette est représentatif du SDF qui a plus ou moins choisi sa vie de liberté en frontière de la société qui lui est tout de même utile par certains aspects. Brindille, lui, subi son état après une pente classique et néanmoins fatale de perte d’emploi, de séparation conjugale et de perte de liquidités.
Le troisième luron, enfin, est un portrait du produit de ces systèmes de prises en charge bancals de l’orphelin précoce, qui glisse d’une famille d’accueil fragile à une autre et d’un foyer médiocre à un autre pour atterrir dans la rue dès sa majorité. De fait, les trois personnalités vivent le gain du loto extrêmement différemment. Ce qui peut apparaître comme des clichés – chien, alcool, drogue et crasse n’en sont pas. Nombre de personnes abandonnées par le système vivent cette réalité. Et encore, il ne s’agit que des hommes… le quotidien des femmes et des enfants est comme partout plus médiocre et plus difficile. Sur fond de rigolades et de situations que l’on peut juger cocasses, le scénario nous emmène également vers trois résolutions différentes.
Les acteurs sont tellement bien dirigés et ils ont tellement bien compris leur rôle respectif, que l’on a l’impression parfois qu’ils ont vraiment cette vie d’errance. Une comédie presque familiale, presque dénonciatrice, presque utile finalement. On passe trop vite et trop souvent à côté de sujets qui auraient sans doute apporté de l’étoffe et du caractère à l’ensemble. C’est malgré tout un film agréable et drôle si on oublie que le tableau pourrait être cruellement authentique.
Le petit plus sont les anecdotes des détails des personnages qui en font des figures attachantes et complètes. Il est vrai que prendre le soin de construire des rôles comme ceux-ci est important et porte pour ainsi dire le film et son univers.
Trois fois rien
FR – 2020
Durée: 1h34 min
Réalisatrice: Nadine Loiseau
Avec: Philippe Rebbot, Karin Viard, Antoine Bertrand, Yves Yan, Nadège Beausson-Diagne
Filmcoopi Zürich AG
16.03.2022 au cinéma