Samuel retrouve son ami d’enfance Alexandre au détour d’une errance citadine en quête d’emploi. Le premier est perdu entre un chômage collant et une compagne mécontente en manque de stabilité. Le second est homme à tout faire dans un temple protestant et se plonge depuis plusieurs années dans les textes bibliques et les lamentations des paroissiens qui se confient au pasteur sans se douter qu’Alexandre les enregistre frauduleusement. Les deux compères ont un passé traumatique de viol, victime du même professeur de sport. Alexandre profite de l’état émotionnel instable de Samuel pour l’embrigader dans une virée meurtrière de vengeance sur les pécheurs enregistrés.
Un film suisse sombre, mélancolique et pourtant poétique comme la création d’un tableau de Delacroix peignant l’Enfer de Dante. La rancœur des personnages désabusés est plus que palpable et le rythme tend à ralentir comme s’il était obligé de se mettre au diapason de la dépression psychotique des protagonistes. Ce qui aurait pu être un petit frère de « Pulp Fiction » est malheureusement victime du flegme suisse qui semble freiner les productions du pays. Pourquoi ? Ça reste un mystère. Alors que des scenarii comme celui-ci sont exaltants, et même originaux, l’ambiance éteint la fougue nécessaire et le cynisme présent en début de pellicule. Il faut urgemment revoir la partition de ce fameux rythme helvétique, sans quoi des films au demeurant grandiose comme ici continueront à être voués à l’oubli.
Le sujet est prometteur de grands débordements qui n’arrivent jamais à leur aboutissement, c’est décevant. Les acteurs, la mise en scène et la lumière sont principalement responsables de cet effet. Pourtant, encore une fois, les dialogues sont bien écrits, les changements de scènes sont plus efficaces que dans beaucoup d’autres films suisse. Rien de traîne vraiment en longueur, si ce n’est cette attente d’explosion au sens figuré comme au sens propre qui n’est que peu récompensée. Cela dit, nous sommes sur la bonne voie.
La qualité de ce cinéma s’améliore rapidement, c’est encourageant. Il faudrait presque faire un remake plus rentre dedans. En clair, ce que les dialogues et l’histoire annoncent n’est pas vécu avec la même intensité dans les actions. Il faudrait voir pour vous secouer un peu les miches !
Vasectomia
De Marc Décosterd
Avec Renaud Berger, Elo Cinquanta, Caroline Althaus, Marco Calamandrei, Olivier Gibert…
Wake Up ! Films