C’est donc en ce samedi 13 novembre 2021, que la 9ème édition du festival lausannois CinéMasala prit fin avec environ 200 festivaliers-ères venus-es découvrir cette nouvelle programmation et notamment, le film de clôture où la pizza crée des envies.
Si les effets de la Covid se percevèrent quelque peu cette année avec une légère baisse de fréquentation, les organisateurs-trices sont content-e-s de cette nouvelle édition qui pour rappel, reste accessible à tout le monde et surtout, où les entrées sont gratuites et aux bons cœurs du public. Seules les consommations s’avèrent payantes, néanmoins à moindre frais. Une politique de la manifestation volontaire et réussie jusqu’à présent.
Cette année, une nouveauté majeure se concrétisa. Soit, l’accès en ligne de la majorité des courts et long-métrages que CinéMasala proposa. Pour cette Première, presque 200 visionnages se firent au travers d’une bonne trentaine de personnes intéressée et/ou motivées par la programmation. A savoir que les réalisations proposées, demeurent presque toutes inédites dans les cinémas suisses et européens.
Je profitai donc de cette évolution en regardant aisément mon tout dernier film du festival, « Kaaka Muttai » à la maison.
Chinna et Periya sont 2 jeunes frères vivant avec leur famille parmi des milliers d’autres habitants dans un des nombreux bidonvilles au sein de la mégapole indienne Chennai. Assez turbulents, ils savent pourtant que l’argent manque à leur famille. Leur père en prison, ils font de leur mieux et malgré leurs bêtises, pour aider leur maman à trouver des finances afin de leur permettre de vivre un minimum. Heureux malgré cela ainsi que leur travail éprouvant qui consiste à voler du charbon illégalement là où ils le peuvent, leur quotidien va changer le jour où une luxurieuse pizzeria va s’installer à proximité de leur quartier. De là, ils ressentiront une irrésistible envie de goûter ce plat qu’ils ne connaissent absolument et pas et les faisant saliver. Les 2 frères feront tout afin de tester cette saveur leur étant inconnue. Mais l’accès leur reste interdit pour plusieurs raisons, notamment leur basse caste. Cependant et indépendamment de leur volonté, ils vont créer une vague de solidarité dans l’entier du pays suite à une vidéo virale filmée par un téléphone portable au moment où ils se présenteront à l’entrée du restaurant. Un phénomène qui va largement les dépasser et peut-être leur ouvrir des portes inespérées…
Si la réalisation du scénariste et metteur en scène Indien M. Manikandan (« London Babulu ») reste relativement méconnue du grand public au niveau de son pays d’origine et ailleurs dans le monde, ce malgré une distribution internationale faite notamment par la major « Fox Star Studios » (donc « Disney »), « Œufs de corbeaux » ou « Kaaka Muttai » en version originale, est une fiction ne manquant pas d’originalité.
Ainsi, elle dénonce différents problèmes de la société indienne et n’hésite pas à faire allusion à d’autres long-métrages du même genre à l’exemple de l’inoubliable « Slumdog Millionnaire ». Néanmoins, « Kaaka Muttai » est avant tout une comédie dramatique familiale qui immerge dès la 1ère scène les spectateurs-trices, dans un pays aux traditions et vies très différentes de celles en Occident.
Bien qu’il s’agisse d’un film d’auteur plutôt ignoré par les spectateurs-trices, « Kaaka Muttai » obtint plusieurs prix décernés par de nombreux festivals indiens et internationaux, notamment par rapport à la très belle performance des jeunes comédiens interprétant « Chinna » et « Periya » qui furent comme une partie de la distribution, castés sans réelle expérience cinématographique et au sein du bidonville même.
S’adressant à un large public, si « Kaata Muttai » a parfois quelques longueurs et scènes inutiles, il reste cohérent, captivant et démontre bien les disparités entre les riches, les pauvres et les castes en Inde. Un long-métrage efficace, parfois morateur, mais toujours proche de la réalité.
Ce film de clôture s’avéra donc un très bon choix de la part de CinéMasala qui proposa donc en ce 13 novembre 2021, la journée la plus riche entre cette réalisation, la possibilité de se restaurer sur place, de profiter de leur fameux et délicieux tchaï ou encore, la performance des danses Bharata Natyam faites par la souple Sharmila Rao.
Il ne restera plus qu’à attendre environ 9 mois afin de connaître la future programmation des 10 ans du festival qui se déroulera à peu près à la même période.