Pour cette 9ème édition au thème des « saveurs indiennes », le festival lausannois CinéMasala proposa durant leur 2ème soirée, 2 court-métrages, une délicieuse pause snack indienne et une réalisation originale, produite par « Aamir Khan Productions »en 2010.
C’est en ce 11 novembre 2021 que je me rendis dans le bâtiment nommé Pôle Sud dans le centre-ville de Lausanne pour découvrir une partie de la nouvelle programmation de ladite manifestation.
Après le contrôle Covid obligatoire, une rapide présentation de la programmation et les remerciements nécessaires, la soirée commença avec les 2 court-métrages que sont « Inqilab » (« Révolution » en français) et « Bete » (« Chasse » en français). Ces documentaires succincts relatent la problématique de cultivateurs indiens.
Si « Inqilab » dure seulement 2 minutes, les images filmées durant des manifestations agricoles, ne s’avèrent pas des plus pertinentes malheureusement. Quant à « Bete », l’histoire de ce court-métrage demeure plus intéressante et davantage dramatique. Car elle relate l’autorisation du Gouvernement indien en 2016, permettant aux paysans-nes d’avoir une arme chez eux-elles pour traquer les sangliers. Le problème est que cette chasse ne se retourna pas forcément contre les sangliers… Les tigres et les hommes furent concernés également.
Puis, petite pause pour nous permettre d’aller voir l’exposition « Salt(ing) Future », qui est une avant-première mondiale et ira à Jaipur en Inde par la suite. Il sera aussi possible de déguster de bons samossas accompagnés d’un tchaï maison.
Quelques instants plus tard, retour à la salle de projection pour découvrir « Peepli [Live ] » :
Natha et Budhia sont 2 paysans vraiment pauvres. Après avoir fait de nombreux kilomètres pour être rejetés par leur banque qui ne leur accordera pas un nouveau prêt, les 2 frères doivent se tourner vers un politicien, et mafieux, local en espérant avoir gain de cause. Mais là encore, peine perdue. C’est à ce moment-là que qu’on leur conseilla assez sérieusement, de se suicider afin de toucher la prime de plusieurs milliers de roupies du Gouvernement. Abasourdis, les 2 hommes ne savent quoi faire… Néanmoins, un inconnu va réussi à les influencer. A partir de cet instant, Natha qui a décidé de mourir, va se retrouver sous les feux des projecteurs des médias et du Gouvernement indiens. Et ce, bien malgré lui.
A la réalisation de « Peepli [Live ] », c’est le duo Anusha Rizvi (« Dhobit Ghat ») et Mahmood Farooqui (« Harud ») qui ont réussi à filmer une très bonne satire indienne, notamment produite par le célèbre acteur et producteur, Aamir Khan. Si leur long-métrage eu davantage de succès à l’étranger grâce à sa distribution notamment au Sundance Festival et aux Berlinales en 2010, il reste probable qu’en Inde, le succès fut peu au rendez-vous. En général, les Indiens-iennes n’apprécient pas l’exportation de leurs fictions et peu les films d’auteurs.
Quoiqu’il en soit, « Peepli [Live ] » se basa sur des polémiques réelles en 2010. Et malheureusement, toujours d’actualité. Car les pressions des agriculteurs-trices sont énormes en Inde. Entre l’industrialisation se répandant davantage, la mafia qui dégage souvent par la force les villageois-ses vivant de la terre, ou encore le manque de soutiens financiers concrets du Gouvernement indien, la situation est éprouvante pour beaucoup de monde.
Si effectivement une partie de l’intrigue s’avère dramatique, « Peepli [Live ] » se dote également de scènes parfois surprenantes et surtout, cocasses. Entre l’intérêt extrêmement envahissant des médias par rapport à « Natha » et sa mort, les politiciens voulant tout contrôler avant lui ou encore la belle-mère nuisant dès qu’elle peut, les scènes sont souvent allégées et permettent de mieux comprendre l’ambiance de l’époque.
S’adressant à un public adulte désireux d’en savoir plus sur l’Inde autrement que par le biais des films Bollywood, « Peepli [Live ] » contient un arc narratif intelligent, sarcastique, parfois un peu lent, mais fort bien interprété.
A la fin de cette intéressante découverte, le Professeur Rousseleau de l’Université de Lausanne, vint clore la soirée au travers de ses explications en qualité d’anthropologue. Entre ses connaissances volontiers partagées et en lien avec « Peepli [Live ] », à l’exemple du constat de la forte diminution de la petite paysannerie en Inde, et les réponses amenées face au questionnement des spectateurs-trices, le second événement du festival CinéMasala prit fin avec tout l’intérêt qu’il suscita au niveau de ce long-métrage.