« Citoyen Nobel » : Savoir gérer sa notoriété !

Jacques Dubochet est l’un des trois prix Nobel de Chimie 2017. Ce Morgien sincère et authentique n’a pas changé ses habitudes pour autant. Bavard, critique, mais fort sympathique, il présente devant la caméra sa vision sociale et écolo du monde.

Simplicité, humour et bienveillance tels sont les marques de caractère de l’ancien professeur de l’Université de Lausanne, Jacques Dubochet. Derrière l’homme plutôt modeste, se cache pourtant un personnage aux convictions très fortes. Membre du Parti socialiste local et marié à Christine une écologiste convaincue, le biochimiste profite de sa notoriété pour mener un nouveau combat, celui de la sauvegarde de la planète.

Né à Aigle, le scientifique a passé son enfance en Valais. Son père un ingénieur civil a été engagé après-guerre par l’entreprise Énergie Ouest Suisse où il s’est occupé du barrage de Cleuson et de l’aménagement de la Salanfe et de la Grande Dixence.

C’est dans cette région, où il possède une propriété familiale qu’il s’est rendu compte de la gravité de la situation face au réchauffement climatique. Il a observé la fonte des glaciers et a vu les paysages montagneux évoluer ces dernières années. Cette constatation l’a poussé à s’engager politiquement, pour ouvrir les esprits et pousser ses compatriotes à préserver la nature.

Le 4 octobre 2017, le comité Nobel a annoncé que le suisse Jacques Dubochet, l’américain Joachim Frank et le britannique Richard Henderson étaient les nouveaux Prix de Chimie pour leur travail en cryo-microscopie électronique. Le domaine est complexe mais passionnant. Jacques l’explique très bien dans le film. Il s’agit de connaître un peu mieux les propriétés d’une goutte d’eau froide.

L’homme s’est toujours intéressé aux inconnues qu’il distingue des mystères. Curieux de nature, il a toujours cherché à comprendre les choses. Tout a selon lui une explication. Nous suivons son parcours professionnel à Lausanne, Heidelberg, Cambridge et Stockholm. Captivant, ce documentaire répond à toutes nos interrogations sur le personnage, ses recherches, sa vie familiale ses actions sociales et ses opinions. Rien n’est laissé au hasard.

Aux commandes de ce documentaire nous trouvons Stéphane Goël, un lausannois né en 1965. Le cinéaste a commencé sa carrière comme monteur et réalisateur indépendant. Il a réalisé plusieurs vidéos expérimentales et poétiques lors de son séjour aux Etats-Unis avant de passer aux long-métrages. De retour en Suisse après sa période new-yorkaise, il a rejoint le collectif Climage au sein duquel il a produit et réalisé de nouveaux documentaires pour le cinéma et la télévision (Insulaire, fragments du paradis, prud’hommes).

Ce qui surprend d’emblée dans le nouveau documentaire du réalisateur Stéphane Goël, c’est la mise en relation du parcours d’un scientifique mondialement connu avec un problème d’actualité. Le film est divisé en trois parties bien distinctes. Nous avons en premier lieu, la remise du titre à Jacques, puis nous découvrons les lieux qu’il a fréquentés. La dernière demi-heure prend quant à elle des allures de meeting politique.

Bien présenté, quoique légèrement orienté, ce documentaire est une réussite. Nul besoin d’être un expert en chimie ou un contestataire acharné pour saisir les tenants et aboutissants du film. Celui-ci à l’intérêt de faire réfléchir et de réveiller les consciences sur des problèmes de société.