« Otak’Est 2019 » : L’été dernier à Pontarlier, nous avions eu le plaisir de rencontrer une nouvelle fois Brigitte Lecordier. Bien que l’interview fût mouvementée et coupée à plusieurs reprises, avec notre partenaire « Baka News Network », nous eûmes grand plaisir à la retrouver et à en apprendre davantage quant à ses débuts sur les planches et le doublage.
Bonjour Brigitte et ravis qu’on se revoit si vite. Comment allez-vous 2 ans après notre rencontre à Lausanne ?
Ça va bien, ça va bien. Je vais de festivals en conventions et je suis bien contente, tout se passe bien et comme tu vois, le public est toujours au rendez-vous.
Connaissiez-vous déjà Pontarlier avant ?
Je suis allée une fois à Pontarlier en vacances quand j’étais jeune. Je suis même venue (rire), pour la petite histoire, en mobylette à Pontarlier. J’ai fait Paris-Pontarlier en mobylette.
On vous sait très active dans le domaine du doublage. Mais vous faites également énormément de conventions. Pour quelles raisons ?
C’est une bonne question. Parce que d’abord, on m’invite. C’est aussi une façon de rencontrer les gens qui ont grandi avec moi, qui aiment les mêmes choses que moi. Tu vois aujourd’hui par exemple à Pontarlier, je rencontre le dessinateur d’ « Ogrest », mon petit personnage dans « Wakfu ». Et moi qui suis quand même attachée à mes personnages, à la bande dessinée et aux dessins animés, je trouve que c’est super aussi. Et puis, c’est une façon énorme de rencontrer tout le public qui a grandi avec moi. Petits et grands parce qu’il y en a de plus en plus, c’est toujours du bonheur.
Qu’est-ce qu’une bonne convention pour vous ?
C’est un endroit très convivial, où on fait plein de choses différentes. Que je ne passe pas ma journée entière à dédicacer, parce que c’est sympa, je rencontre les gens et tout, mais des fois y a 3-4 heures de dédicaces d’affilée, avec des fils qui n’en finissent plus. Et du coup, tu ne vois pas vraiment les gens. Tu vois ici, ce qui est bien, c’est que c’est une petite convention. Donc du coup, j’ai le temps pour les gens et ils ont chacun un petit moment avec moi, et c’est bien.
Pour en revenir à votre tout premier métier, actrice. Comment a démarré cette aventure ?
J’ai commencé au cirque et j’étais un petit personnage un peu marrant, un peu turbulent. Et du coup, on est venu me chercher pour faire ce genre de petits personnages au théâtre. Et du coup, j’ai commencé à jouer. Mais, je n’avais pas une formation vraiment de théâtre. Mon clown, lui était plutôt muet, plutôt sur les sentiments. Je suis donc allée prendre des cours de théâtre chez Pierre-Olivier Scotto entre autres. Et j’ai appris à dire des textes, à les apprendre, à pouvoir jouer au théâtre de façon plus naturelle. Puis, après « Le Malade imaginaire » au théâtre, on m’a demandé de faire cette pub pour « Amnesty International ». Et là, ça fait trainée de poudre… Je n’ai plus arrêté en son.
Quel est votre meilleur souvenir de doublage ?
C’est difficile. Je dis toujours, c’est la dernière production que je suis en train de faire. Là, j’ai fait « La Petite mort ». J’ai pris un bonheur sans mesure à incarner ce personnage. Et puis, j’ai travaillé avec Davy Mourier que j’aime beaucoup. Il y a, « Peepoodo » aussi… Parce qu’il y a aussi le dessin animé pour adultes et j’aime bien en parler parce qu’on le fait très peu. Il n’est pas diffusé, et ben là justement en l’occurrence, ce sont des dessins animés pour adultes et « Peepoodo » n’a trouvé sa place que sur le net. Malheureusement pour lui. Parce que je trouve que c’est un produit de qualité, de valeur et que l’équipe elle est géniale.
Vous faites aussi d’autres doublages pour les adultes, notamment avec « American Horror Story » et en suivant l’actrice Jamie Brewer. Comment ça se passe pour la doubler ?
C’est particulier parce que c’est une jeune femme mongolienne. Et du coup, on m’a appelé parce que c’était difficile de trouver son anomalie, alors qu’elle joue absolument normalement. Elle est très émouvante et très forte quand elle te balance un texte ouf. Et en faisant presque rien, elle est super efficace. Il fallait vraiment que je l’écoute pour essayer d’entrer en elle, mais sans la ridiculiser ni trop jouer l’anomalie. Mais si je jouais avec ma voix, je ne pouvais pas entrer en elle parce qu’il manquait ce truc : « tout assez coller, les mongoliens ils pa’lent pas exactement… ». Ils ont comme une patate chaude dans la bouche. Mais, il ne fallait pas que je fasse trop, et la juste mesure était difficile à trouver. J’espère l’avoir trouvé. En tout cas, je me suis beaucoup amusée à la doubler.
Donc au final pour vous, c’est en fin de compte plus difficile de doubler dans une franchise comme « American Horror Story » ou d’être « Oui-Oui » ?
Ben oui, oui, « Oui-Oui », pour moi c’est facile, ça fait 30 ans que je le fais. Oui, il a un peu de moi et il est un peu entré en moi aussi. Mais, le film c’est toujours un peu particulier, justement. Tu vois, « Oui-Oui », je ne risque pas de le trahir. Il n’y a pas un comédien qui va me dire : « Woaw, t’as joué n’importe nawak ». Mais, si je fais « American Horror Story » ou d’autres, ben là il y a un comédien qui joue et que je dois respecter. Et là, c’est un autre travail, celui de l’écoute. Ce qui est bien pour un comédien parce que souvent, ils n’écoutent pas assez.