Adapté du livre de l’auteure et chamane Corine Sombrun, « Un monde plus grand » est une incursion dans un univers où les promesses et le temps n’ont rien à voir avec la culture occidentale. Tourné en majeure partie en Mongolie, le film fera sans nul doute voyager en soi.
Corine se sent perdue et très dépressive depuis la mort de son mari. C’est donc à contre-cœur qu’elle accepta d’effectuer un reportage en Mongolie suite à la demande d’un ami. Sur place, elle doit enregistrer des chants mongols pour un montage sonore destiné au public français. Mais rien ne se passe comme prévu, et ce, dès sa rencontre avec la chamane Oyun. À tel point que Corine chamboulera un puissant rituel et ce, involontairement. À son réveil, la reporter apprend qu’elle est également chamane. Bouleversée, elle mettra fin à son séjour brutalement et rentrera chez elle, en sentant de manière confuse au fond d’elle, qu’un jour elle reviendra en Mongolie et reverra Oyun…
Adapté assez librement de « Mon initiation chez les Chamanes » de Corine Sombrun, « Un monde plus grand » s’avère être une transposition qui pourrait bouleverser de nombreux-euses spectateurs-trices. Tout d’abord, grâce à son approche sur la spiritualité demeurant concrète et palpable. Mais également parce que le tournage en Mongolie démontre une population relativement méconnue en Occident et surtout, très proche de la nature et des « Dieux ». Dans ce cas-là, cette idéologie n’est d’ailleurs nullement religieuse. Elle s’oriente davantage dans la spiritualité et les célébrations sont plutôt des rituels que des vénérations.
Un des nombreux éléments respectés par rapport au roman. Il en va de même au niveau de certains autres faits, à l’exemple de la tristesse et de la dépression ressentie par Corine suite au décès de son mari. Cependant, un peu trop de modifications pourraient avoir été prises entre le livre et le long-métrage. Ainsi et pour des raisons peu claires de la part de l’auteure, un personnage clé n’existe plus au sein d’ « Un monde parfait ». Celui de la photographe et accompagnatrice, Laetitia Merli. Sa présence dans la fiction devient la sœur de Corine Sombrun. En outre, ce personnage a un rôle minime et n’étant pas forcément pertinent.
Si la performance de Ludivine Sagnier (« Rémi sans famille ») demeure sympathique, son rôle de la sœur n’est pas assez mis en valeur et manque de crédibilité. Certainement, parce qu’elle remplace la véritable personne. Quant à Cécile de France (« Rebelles »), l’intensité de son investissement s’en ressent, effectivement. Mais le romantisme de la réalisation, quasiment inexistant au sein de l’ouvrage littéraire, efface son jeu ainsi que le côté spirituel du film. Un choix scénaristique certes, néanmoins regrettable, car l’effet final s’en retrouve trop modifié.
En fait, les véritables célébrités d’ « Un Monde plus grand » sont les Tsataan, leurs rennes et la nature les entourant. Car l’équipe technique sur place et acceptée par les Tsataan et leurs « Dieux », ont réussi à sublimer cet environnement et ses atmosphères. De la reconstitution d’une transe aux paysages richement verdoyants, la réalisation de Fabienne Berthaud sublimera de nombreuses personnes à ce niveau.
En dehors des modifications entre le livre et le long-métrage, « Un monde plus grand » dégage effectivement un sentiment sprituel assez soutenu. Sans que le fantastique fasse partie de l’histoire, le monde subtil et énergétique peut se percevoir pour les spectateurs-trices sensibles, croyantes et pratiquantes. Mais la fiction ne les juge pas. Au contraire, la trame reste objective et permet à l’imaginaire de prendre une autre dimension. Dommage toutefois par rapport aux modifications apportées.
« Un monde plus grand » plaira sans nul doute au public appréciant déjà les ouvrages littéraires de Corine Sombrun. Quant à celles et ceux ne connaissant pas son parcours passé et présent, c’est une belle occasion. Et peut-être que le son des tambours fera ressortir des ressentis jusque-là indécelables…
Un Monde plus grand
FR – 2019 – 100min
Drame
De Fabienne Berthaud
Avec Cécile de France, Tserendarizav Dashnyam, Arieh Worthalter, Ludivine Sagnier
JMH
30.10.2019 au cinéma