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dimanche, décembre 1, 2024
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Le Joker, l’énigme de Gotham

Claire Blanchard-Buffon
Claire Blanchard-Buffon
Cinéphile passionnée, écrivaine et musicienne depuis son enfance, elle offre son âme d’écorchée vive au besoin de l’art et de la transmission de ses émotions. Voter folie est-elle la même ?

Nous le connaissons sous différents noms : Joe Kerr, John Doe, le Clown ou encore Jack Napier. Peu importe en réalité son identité, car ses méfaits ont, eux, tous la même signature, celle de la cruauté psychologique machiavélique. Qu’il effraye ou qu’il fascine, le Joker est l’image même du super vilain de DC Comics depuis 1940, dans le numéro de printemps de Batman.


Plusieurs acteurs ont pris ses traits, mais ils ne sont pas légion. Le plus excentrique fut Cesar Romero dans le film culte et assurément nanar Batman en 1966, puis plus rien jusqu’à ce que le talentueux Tim Burton choisisse Jack Nicholson en 1989, qui était naturellement le Joker, physiquement en tout cas. Beaucoup de fans de l’acteur comme du réalisateur tenaient cette référence du cinéma comme acquise dans le costume du Joker et, malgré la prestation impeccable de Heath Ledger dans The Dark Knight en 2008, ont refusé toutes autres interprétations.

Heath Ledger justement qui a tellement incarné le Joker avec passion qu’il en est mort. Celui qui a offert des personnages variés et toujours fantastiquement authentiques, a su comprendre la nature du Joker comme personne ne l’avait fait avant lui. Cette folie que l’ennemi originel de Batman trimballe tantôt par choix, tantôt comme un gage de son passé traumatique, le défini comme un psychopathe au grand cœur, avec un sens comique sarcastique qu’il pousse au-delà des limites que la moralité accepte et qui fait preuve en toutes circonstances, admettons-le, d’une intelligence hors pair. Finalement, personne ne sait qui il est vraiment. Plusieurs théories, dont certaines émises par le Joker lui-même, font écho de son passé. Quelle que soit l’histoire qu’il sert, la souffrance et le traumatisme en ressort systématiquement. Sa cicatrice proviendrait de son père ou il se l’ait infligé lui-même pour soulager une ex-femme, allez savoir. Ce qui est sûr, c’est qu’à force de modifier son passé rien n’atteste qu’il s’en souvienne.

Le Joker fascine également par sa grande abnégation à répandre la pourriture sur notre monde bardé de lois et de règles sensées assurer une vie sereine aux populations. C’est un anarchiste du crime, un artiste de la rébellion extrême. Il détruit pour mieux anéantir. Il n’a pas de limites sauf celle du contact. Ce qui est sûr, c’est qu’à force de modifier son passé rien n’atteste qu’il s’en souvienne. Réfléchissez bien…pas de torture directe, pas de contact direct avec ses victimes. Il a toujours un sbire pour effectuer cette tâche et seulement si elle s’avère obligatoire, il le fait avec des gants. Le Joker préfère également les gadgets et autres moyens de communication intermédiaires pour s’adresser à Batman et à ses cibles. Batman, justement, est le seul qui lui résiste. En fait, il ne lui résiste pas autant que ça, il lui échappe. C’est un bal, une valse, un jeu de chat et de chauve-souris.

Batman semble exister sans le Joker, mais l’inverse est-il envisageable ou crédible ? N’en déplaise à sa version Lego, Joker a besoin de sa chauve-souris autant que le jour a besoin de la nuit. Au niveau cinéma, après Jack Nicholson et Heath Ledger, qui pouvait faire revivre le personnage ? Qui pouvait redorer le blason sali par l’interprétation de Jared Leto dans Suicide Squad. Bien que son travail d’acteur fût à la hauteur de son art, ce Joker-là rabaisse l’image de puissance inquiétante et séduisante d’un des meilleurs super vilains de l’histoire des comics et de la pop culture. Joaquin Phoenix, qui a accepté de relever le défi, sera sans aucun doute parfait pour honorer cet héritage.

Le Joker doit rester au Panthéon de Méchants, aux côtés d’Hannibal Lecter, de Darth Sidious ou de Norman Bates pour ne citer que les plus méritants. La violence maîtrisée, la manipulation psychologique et l’art de la torture doivent être exercées par des experts passionnés pour continuer à sublimer ce que l’humain à de plus sacré : la vie. Le maître incontesté toutes générations et supports confondus est et demeure le Joker.

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