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jeudi, novembre 28, 2024
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« Ága » : No Man’s Land !

Alain Baruh
Alain Baruh
Le cinéma est un lieu merveilleux, on y trouve de tout: des comédies (mon genre préféré), des films d'auteurs (que j'apprécie pour leur diversité), des documentaires plus ou moins passionnants, des blockbusters et d'autres types de films. Fan du cinéma français et des pays latins, j'en ai fait ma spécialité. Rédacteur depuis de nombreuses années, j'aime partager mes connaissances et découvertes. «Le cinéma est fait pour tous ceux dont la curiosité est le plus grand défaut» Claude Lelouch

Nanook et Sedna vivent dans le Grand Nord, loin de toute civilisation. Le réalisateur bulgare, Milko Lazarov nous présente leur quotidien et leurs préoccupations dans une fiction réaliste.


Dotée de paysages, à couper le souffle et de prises de vue aériennes exceptionnelles, la nouvelle création de Miko Lazarov est à la fois originale et instructive. Face à nous, se déploie, une nature immaculée et une faune riche en espèces.

Le film met en avant les traditions des « Yakoutes« , un peuple esquimau vivant dans une des contrées les plus inaccessibles de la Sibérie. La chasse et la pêche font partie intégrante de leur quotidien, mais ce n’est pas tout…

À mi-chemin entre le documentaire écologique et un film d’aventures, ce nouveau long-métrage permet aux spectateurs de découvrir l’une des régions les plus méconnues du monde. Seuls quelques avions survolent, parfois, la Yakoutie.

Dans cette création qui est aussi une fiction, le réalisateur bulgare met en avant les traditions d’une communauté isolée, proche de la nature. Les changements climatiques influencent leur quotidien, mais ils ne s’en rendent pas vraiment compte.

Enfant, Milko Lazarov aimait les récits d’aventures et se passionnait pour les grandes découvertes. Le metteur en scène a lu de nombreux livres sur le grand Nord et sur l’explorateur Roald Amundsen qu’il admirait. Ces récits l’ont motivé à faire cette nouvelle réalisation. Le cinéaste s’est aussi inspiré du film « Nanook l’esquimau » de Robert Flaherty, à qui il rend hommage.

Le réalisateur voulait initialement, tourner une simple histoire d’amour. Son projet consistait à filmer un vieux couple de Bulgares éloigné de leurs enfants partis travailler à l’étranger. Comme de nombreux expatriés, ceux-ci devaient utiliser « Skype » pour communiquer avec leur famille. Jugée trop simpliste, l’idée a été totalement repensée puis améliorée, dans le but de rendre cette histoire universelle.

Milko s’est rendu au Canada puis au Groenland avec son équipe pour chercher l’inspiration, mais c’est finalement en Russie (Yakoutie) qu’il a trouvé ce qu’il voulait.

Feodosia Ivanova joue Sedna, elle n’est pas une actrice de métier. La vieille femme a vécu au fin fond de la Sibérie, dans la Taïga, où elle s’est occupée de ses vaches. Passionnée de théâtre, elle a pris quelques rôles dans une troupe locale. Milko Lazarov l’a découverte grâce à un film amateur.

Les autres protagonistes du film sont également issus du théâtre. Galina Tikhonova (Ága) est née à Yakoutsk, la capitale de la République de Sakha. Elle a étudié à l’Arctic State Institute puis a obtenu un diplôme en théâtre et culture japonaise. Son rôle dans le film «White Month» lui a valu une nomination au Festival « Golden Rooster & Hundred Flowers » (Chine). Mikhail Aprosimov (Nanook) est né en 1950. Diplômé de l’école de théâtre de Shtepkin, il a joué plus de soixante personnages à Rybinsk. Il est aussi membre de l’Académie Théâtrale de Sakha et a écrit deux nouvelles.

Le tournage de « Ága » a duré 36 jours. Milko Lazarov et son équipe ont filmé la région arctique au printemps, une saison versatile qui ne dure que 20 jours en Lakoutie. Le film a été tourné en argentique et en 35mm, ce qui a compliqué les choses. La pellicule a beaucoup voyagé : entre la Lakoutie, Moscou et Paris où elle a été finalement développée en laboratoire. Le cinéaste se souvient, que face aux dures conditions climatiques, ils ont aussi dû acheter des vêtements spéciaux pour l’expédition. Les températures glaciales ont parfois avoisiné les -30 à -42 degrés.

La lumière du film est extrêmement stylisée, notamment à l’intérieur de la yourte et sur les visages. Milko Lazarov, a cherché une lumière blanche et douce. Deux projecteurs ont été utilisés pour mêler cette lumière artificielle à la lumière naturelle.

De nombreux avions traversent le ciel et créent un décalage entre le mode de vie séculaire des protagonistes et le monde moderne. Pour Lazarov, il était important de contextualiser son récit et de montrer que ce mode de vie ancestral cohabite avec le contemporain. Le couple vit entre ces deux mondes. Ils mangent les animaux qu’ils chassent, s’habillent de leur peau, mais savent aussi utiliser une radio et comprennent le monde qui les entoure. « Ága » a été présenté hors compétition au Festival du Film de Berlin.

Fort bien réalisée et sans longueurs, cette création ne laisse pas le spectateur indifférent.

Ága
BUL, DE, FR   –   2018   –   96 Min.   –   Drama
Réalisateur: Milko Lazarov
Acteur: Mikhail Aprosimov, Feodosia Ivanova, Sergei Egorov, Galina Tikhonova, Afanasiy Kylaev
Trigon Film
16.01.2019 au cinéma

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