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jeudi, novembre 28, 2024
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Michel Ciment : apprendre le cinéma

Jonathan Tholoniat
Jonathan Tholoniat
« Désespoir, amour et liberté. L’amour. L’espoir. La recherche du temps perdu. » Comme Pierrot, j’aime la Littérature. Comme Godard, j’aime le cinéma. Après avoir étudié la Philosophie à l’université de Lyon III, je poursuis mes études en Master de Littérature et français moderne à Genève pour me diriger vers l’enseignement et le journalisme. L’écriture et le cinéma : un univers en perpétuel mouvement que je suis heureux de partager. Godard ne disait-il pas : « Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout ». De quoi assouvir mon inlassable curiosité.

Chaque matin entre le 15 et le vendredi 19 octobre, le festival Lumière propose de suivre l’enseignement de Michel Ciment, grand critique du cinéma, écrivain, producteur de radio et directeur de la revue Positif. Voici les extraits de deux workshops : écrire sur le cinéma et animer une revue.


Mercredi 17 octobre : écrire le cinéma. Les points essentiels que doit maîtriser un bon critique de cinéma.

Informer le lecteur
« Le critique de cinéma a la responsabilité de connaître le Cinéma, notamment parce que le lecteur n’est pas obligé d’avoir cette contrainte. Quand on écrit sur un film, il est essentiel de savoir qui est le scénariste, le metteur en scène, le chef opérateur, etc. Il faut lire et décortiquer les fiches techniques. Il se doit d’informer. Il serait aberrant de prendre quelqu’un qui ne connaît pas le cinéma pour écrire des critiques.« 

Travailler l’analyse
« Il est nécessaire d’avoir une bonne culture générale. Avant, on appliquait la linguistique, la psychanalyse ou le marxisme pour analyser un film. C’était toujours le même outil de travail. Or, je pense que chaque film requiert différents outils. Il ne faut pas avoir une unique grille de lecture. Quand on est critique, on doit utiliser nos connaissances et plusieurs sources. On doit butiner.« 

Le style
« La critique est un exercice littéraire. Les critiques marquantes ne sont pas forcément celles qui contiennent une bonne information. C’est aussi un style. Par exemple, quand Robert Benayoun ( Positif ) écrivait sur Resnais ou Woody Allen, c’était fantastique. C’était un grand écrivain du cinéma, malgré qu’il n’ait eu que son certificat d’études. Truffaut était également un grand styliste. Il est important d’être clair. Il faut éclaircir l’obscur, plutôt qu’obscurcir le clair.« 

La passion
« À 80 ans, je reste passionné et je pense que c’est le grand moteur. La revue Positif n’emploie personne pour des raisons financières. Être bénévole et écrire dans ce genre de revue, c’est une marque de passion ».

La hiérarchie du jugement
« Nous vivons trop sous le règne de l’égalitarisme. Dans la vie, il faut faire des choix. La hiérarchie nous force à nous interroger et à affiner nos goûts, nos critères et notre façon de voir. Il faut se poser sans cesse des questions. Par exemple, nous devons savoir pourquoi nous préférons un film à un autre.« 

Le coup d’œil
« Comme pour la peinture, le critique doit avoir le coup d’oeil. Pierre Rissient voyait vingt minutes d’un film étudiant de Jane Campion et il était capable de dire : ça, c’est une cinéaste !« 

Jeudi 18 octobre : animer une revue. L’exemple de Positif.

Fondation de la revue
« Positif a été fondé en 1952 par Bernard Chardère, un an après les Cahiers du cinéma. C’est l’une des rares revues qui a survécu aux années 60. Elle a tenu le coup grâce au bénévolat. Au départ, elle fut créée à Lyon par Bernard et quelques-uns de ses copains de fac. Ils se rejoignaient dans les appartements des membres pour écrire sur le cinéma. Il n’y avait alors que 500 exemplaires. Il n’était pas question d’argent. Ensuite, Bernard et ses camarades ont dû partir en Algérie. Le journal ne s’est pas totalement désintégré. Il s’est délocalisé à Paris. Après des hauts et des bas et l’enchaînement de dix éditeurs en soixante-six ans, le journal est toujours là ».

Bénévolat
« L’objectif du journal n’a jamais été de faire de l’argent. Le bénévolat est ce qui nous a permis de survivre. La revue Ecran avait par exemple subi une lourde crise financière, comme Positif. Le directeur de cette revue souhaitait arrêter de payer ses rédacteurs pour la survie de la revue. Cela a été refusé. Ils ont coulé…« 

Les membres
« Ceux qui écrivent pour Positif viennent de tous les fronts : il y a un inspecteur des impôts, un statisticien, un professeur, un journaliste, etc. C’est une riche collaboration. Au total, nous sommes une vingtaine au comité et nous comptons une autre vingtaine de personnes qui alimentent régulièrement la revue. Pour faire un numéro, chaque personne a l’obligation d’écrire au minimum cinq feuillets. Les membres sont dans une revue de prestige. Pour eux, ce n’est pas une punition d’être bénévole. Chacun peut s’exprimer avec sa sensibilité. C’est un exercice littéraire. Ils sont davantage récompensés avec les différents retours qu’ils reçoivent ».

www.festival-lumiere.org

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