La Révolution Française nous est présentée d’une manière nouvelle dans le dernier long-métrage de Pierre Schoeller. Le cinéaste met en avant les lois et la Constitution, au lieu de se focaliser sur les révoltes et les massacres.
Dans une ruelle sombre jouxtant la Bastille, à Paris, vit un souffleur de verre et sa famille. Intéressés par la politique, ils vont vivre les événements de près, puis prendre part à la célèbre Révolution de 1789, n’hésitant pas à risquer leur vie pour une cause qu’ils pensent être juste.
En partageant leur quotidien, le spectateur est transporté au cœur même des événements et dans les travées de l’assemblée pour suivre les discours enflammés des orateurs de l’époque. Cette incursion nous permet de mieux comprendre les tenants et aboutissants de la première «Constitution» et la création des «Droits de l’Homme».
Plus politisée que romancée, cette nouvelle réalisation du cinéaste et scénariste français Pierre Schoeller est un prolongement de ses précédentes créations. Dans «L’exercice de l’état» sorti en 2011, nous avions affaire à un ministre des transports se devant de calmer la rue suite à un accident d’autocar. «Versailles» (2008) et «Les Anonymes, un Pienghjite Micca» (2012) avaient eux aussi des thèmes forts.
Pierre Schoeller aime la politique. Dans ce film, c’est des personnages célèbres tels que : Danton, Robespierre, Saint-Just et Marat qui prennent la parole. Mais ils ne sont pas les seuls. Chaque député de la Révolution a son mot à dire qu’il soit Jacobin, Girondin, du clergé ou de la bourgeoisie.
D’autres personnages se mêlent aux discussions enflammées. C’est le cas de Margot et sa famille. Son amant Basile, est lui aussi une pièce maîtresse de l’histoire. Ancien condamné pour vol, et sans famille, il représente, à lui seul, la souffrance du peuple. Partisan du Roi, sans même le connaître, et présent à Varennes lors de son arrestation. Il a sa propre opinion sur le monarque.
Louis XVI était faible, victime plutôt que bourreau du peuple, il finira sur l’échafaud pour n’avoir pas su intervenir quand il le fallait. La scène mythique du film, le mettant aux prises à ses ancêtres dans un cauchemar est très originale.
«Un Peuple et son Roi» croise les destins d’hommes et de femmes issus du peuple, et de figures historiques. Leur lieu de rencontre est la toute jeune Assemblée nationale. Au cœur de l’histoire, il y a le sort du Roi et le surgissement de la République.
Le scénario est bon mais parfois complexe. Contrairement aux réalisations du même genre, cette création véhicule une image positive de la Révolution. Mettant en avant ses bienfaits et ne mentionnant que vaguement ses dérives. On apprécie les recherches historiques effectuées qui permettent d’en savoir plus sur les premières années de la révolte.
Divisé en quatre chapitres. Ce diptyque d’une durée de deux heures, ne critique pas l’une ou l’autre des parties en conflit. Il relate des faits avérés et met en scène des personnages intéressants. Pierre Schoeller a voulu mettre l’accent sur les gens pauvres, tout en leur faisant rencontrer les grands personnages de l’époque. Il explique vouloir privilégier les moments de rencontre entre le peuple et le pouvoir.
Les décors et costumes sont bien choisis. La Bande-Originale est composée uniquement de chants révolutionnaires à capella, cela donne de la crédibilité à l’histoire, mais apporte aussi un manque de dynamisme à l’ensemble.
Côté casting, on retrouve Olivier Gourmet, l’acteur favori du réalisateur. Il y a aussi Laurent Lafitte qui interprète majestueusement le Roi Louis XVI, ainsi que d’autres acteurs et actrices de renom. Ils sont tous crédibles dans la peau de leur personnage.
Nominé, hors-compétition, à la 75ème édition de la Mostra de Venise, ce film historique mérite sa présence dans la cité des Doges. Assez complète, cette réalisation est accessible à tous, pour autant qu’on s’intéresse à cette période de l’Histoire de France.
Un peuple et son roi
FR – 2018 – 121 Min. – Period
Réalisateur: Pierre Schoeller
Acteur: Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Olivier Gourmet, Louis Garrel, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Céline Sallette, Denis Lavant, Johan Libéreau, Laurent Lafitte
Frenetic Film
26.09.2018 au cinéma