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mercredi, novembre 27, 2024
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«Taxi Sofia» : le compteur est en marche !

Alain Baruh
Alain Baruh
Le cinéma est un lieu merveilleux, on y trouve de tout: des comédies (mon genre préféré), des films d'auteurs (que j'apprécie pour leur diversité), des documentaires plus ou moins passionnants, des blockbusters et d'autres types de films. Fan du cinéma français et des pays latins, j'en ai fait ma spécialité. Rédacteur depuis de nombreuses années, j'aime partager mes connaissances et découvertes. «Le cinéma est fait pour tous ceux dont la curiosité est le plus grand défaut» Claude Lelouch

Un Taxi, c’est non seulement un moyen de transport, mais aussi un lieu de vie et de confession. Dans ce long-métrage, nous suivons six chauffeurs bulgares dans leur quotidien mouvementé.

Êtes-vous prêts pour l’embarquement ? Le dernier long-métrage du réalisateur, Stephan Komandarev, vous invite à rentrer dans les véhicules confortables de la compagnie de Taxis «Yellow». Assis à côté du chauffeur ou sur la banquette arrière, nous traversons de long-en large les boulevards interminables et sombres de la capitale bulgare. 

Sofia est une ville bouillonnante, une fois la nuit tombée. Il règne malheureusement dans cette cité, un climat plutôt malsain où se mélangent crimes, règlements de comptes, prostitution, beuveries et affaires louches. C’est dans cette ambiance glauque que nous faisons la connaissance de six conducteurs hors du commun. 

«Joro» est le plus jeune d’entre eux, cet ancien prof de sport vit seul depuis que sa copine est partie vivre en Italie. Il circule la nuit pour se faire un peu plus d’argent. C’est aussi le cas de «Nikola», le prêtre. 

«Misho» est au centre de l’intrigue. Ce chauffeur de taxi, père d’une jeune fille arpente les rues surchargées de la capitale bulgare en stressant. Ce n’est pas son boulot qui le rend malade, mais ses soucis financiers. Pressé par des créanciers, il se doit de trouver de l’argent rapidement pour ne pas mettre en danger sa famille. 

Il y a aussi une femme dans le groupe. «Rada», porte sur son visage les séquelles d’une souffrance passée. Ancienne étudiante, elle s’est vu refuser dans sa jeunesse une bourse pour continuer ses études et a sombré dans la criminalité et la drogue.

«Kosta» et «Vlado» sont les deux derniers personnages principaux du film. Le premier interprète un vieil homme qui a perdu son fils et le second un chauffeur malhonnête qui arnaque ses clients pour nourrir sa famille. 

Ces oiseaux de nuit ont un point commun. Ils sont pauvres et désespérés. Ils vivent très mal la situation économique de leur pays. Les programmes radiophoniques en toile de fond animent les débats politiques et sociaux. Chacun donne son avis sur la situation actuelle et partage ses impressions avec des passagers de toutes sortes plus ou moins intéressés par leur situation précaire. 
Avant de se convertir au cinéma, le réalisateur bulgare, Stephan Komandarev était pédopsychiatre. Il a réalisé des films dont les sujets témoignent d’une certaine conscience sociale et d’un fort humanisme. En 2002, son documentaire «Bread over the Fence» présentait deux villages bulgares dont l’entente entre les communautés catholique, orthodoxe et musulmane était exemplaire. «The Judgment», sorti en 2014, faisait, lui, un rapprochement entre les réfugiés actuels et les dissidents communistes de l’époque. «Taxi Sofia» reflète le même esprit, malgré un certain pessimisme.

Le nouveau film se veut être une critique acerbe de la société bulgare actuelle. Des thèmes forts sont développés dans le film: l’émigration des Bulgares, la criminalité ambiante, la prostitution des jeunes femmes, l’alcoolisme des ados, la corruption et le suicide. 

Un certain nombre de détails du scénario sont inspirés de faits réels. Le but du cinéaste était de représenter au moyen de la fiction dramatique la vérité émotionnelle au coeur de chaque situation. Pour ce faire le metteur en scène s’est basé sur les commentaires de vrais chauffeurs, car ils ont, selon lui, un sens très précis des réalités sociales. La pauvreté et une inégalité toujours croissante ont généré un sentiment d’échec qui traverse toute la société du pays.

Cette production est de très bonne facture, le scénario est intéressant, les acteurs jouent bien et les thèmes sont forts. L’équipe du film a parcouru 12’000 kilomètres en sept mois pour la réalisation. Chaque épisode a été tourné qu’une seule fois et en temps réel. 

En filmant le quotidien banal des personnages principaux, Stephan Komandarev a cherché volontairement la sympathie des spectateurs pour qu’ils s’identifient aux protagonistes du film. Le but étant d’inclure le spectateur dans l’action, il vit l’histoire en même temps que les héros, ayant en temps réel les informations.

Une excellente note donc pour ce long-métrage, qui a fait partie de la sélection officielle « un certain regard » du dernier Festival de Cannes. 

Ce DVD ne contient que les traditionnelles Bandes annonces comme supplément.

 

  • «Taxi Sofia» (durée 103 minutes)
  • Réalisé par: Stephan Komandarev
  • Avec: Vassil Vassiliev (Mihail Atanasov / Misho), Ivan Barnev (Vlado), Assen Blatechki (Joro
  • Production: Argo Films, Aktis Film Production, Sektor Film & Rezo Films.
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