La première réaction face à American Gods, c’est l’incompréhension. Le premier épisode tombe dans le blanc de nos yeux comme un éclair dans la nuit. Pourtant, avec cette première secousse, avec ce premier coup de foudre, on sent déjà que la série en a dans le ventre.
D’emblée, on est saisi par son esthétique tapageuse, sa violence abusivement belle, comme dans 300 ou dans Sin City. On est aussi frappé par la bande son, qui balaie les classiques orchestraux auxquels sont désormais habitués nos oreilles, pour nous emmener vers un jazz légèrement malsain mais diablement efficace. Tel un Prométhée, la série nous donne le feu, ou plutôt nous met le feu, ça promets. Mais ce savoir est difficile à maîtriser, il s’éteint bien vite pour nous laisser dans le noir.
On veut comprendre ce qui se trame derrière tout ça. Qui fait bouger les fils de ce théâtre de marionnettes ? Évidemment, ce sont avant tout Bryan Fuller et Michael Green, les deux malins génies aux commandes de cette série. Ils prennent un plaisir fou à ballotter le spectateur comme ils le font déjà avec les personnages de l’intrigue. C’est-à-dire, qu’ils nous dirigent comme des dieux. Mais pas n’importe lesquels, car dans American Gods, les êtres surnaturels sont avant tout vicieux, ce sont des guerriers, attirés par l’appât du gain, et surtout, par l’envie de recruter de nouveaux adeptes. Et autant vous dire que les affaires ne battent pas leur plein. Au temps des smartphones, d’Instagram et de l’obsolescence programmée, comment faire lever les yeux au ciel à tous ces humains captivés par leurs divins écrans 5.8’’ ?
Au final, la série propose une réflexion poignante sur les croyances de notre temps où la technologie règne en maître, et une critique cinglante de la société américaine et de ses nouveaux dieux. Voilà ce qu’on devine déjà si l’on porte son regard vers les mouvements mystérieux que dessinent les corbeaux de la saison 1 d’American Gods dans les airs.
- De Bryan Fuller et Michael Green
- Avec Ian McShane, Ricky Whittle, Emily Browning
- FrementleMedia, Living Dead Guy Productions