Basé sur le roman de Brian Selznick, soit Wonderstruck en anglais ou Black Out pour la version française, l’auteur n’en est pas à sa première adaptation cinématographique. Bien que les enfants soient aussi mis en avant, « Le Musée des merveilles » relate deux histoires à deux périodes différentes. Tout en sachant que le sujet de la surdité a une grande importance.
Ben et Rose vivent durant des périodes bien distinctes. Lui est un gamin des années 70 et elle des années 20. Bien que leurs vies semblent n’avoir aucun point commun, elles s’uniront tout de même au travers de belles aventures. Le petit garçon désire ardemment rencontrer son père inconnu et absent. Et Rose, très isolée par sa surdité, se passionne pour une mystérieuse actrice. Lorsque Ben découvre une piste le menant peut-être à son père, parallèlement la jeune fille décide d’aller à New-York pour voir son idole. Finalement, tous les deux, toujours aux décennies opposées, se rendront à la mégapole où tout peut arriver…
C’est en 2007 que le livre « L’Invention de Hugo Cabret » est édité et en 2011, « Hugo Cabret » de Martin Scorsese sort en salles. Quelques années plus tard, le romancier Brian Selznick reçoit une demande du réalisateur Todd Haynes (« Carol ») qui souhaite transposer « Le Musée des merveilles » sur grand écran. Le lien entre les deux hommes ? Sandy Powell. Elle est cheffe costumière reconnue dans le milieu cinématographique et travailla aussi sur « Hugo Cabret ». Grâce à son expérience et son talent, elle réussit à reproduire à merveille les deux périodes historiques et à lier les deux hommes. L’équipe de décoration s’est aussi investie corps et âme afin de rendre le plus réaliste possible les décors (souvent existants). Car le New-York visible à l’écran, sera très différent de celui que le public connaît à présent. Et bien sûr, de grandes nuances se ressentiront entre celles des années 20 et des années 70. À commencer par la musique, le son et la couleur.
Le casting réserve aussi quelques belles surprises quant aux choix et interprétations. Julianne Moore (« Kingsman : Le Cercle d’or ») s’est très bien imprégnée de son double rôle surprenant et touchant. Elle prouve une fois de plus sa polyvalence quant à ses personnages, alternant ainsi les films à gros budgets et ceux plus intimistes. Le jeune comédien jouant Ben, Oakes Fegley (« Peter et Elliott le Dragon »), offre une performance intense et admirable donnant clairement l’impression qu’il a réellement la problématique le concernant dans le long-métrage. Une petite surprise aussi par rapport aux acteurs, surtout relative aux fans suivant la série de DC « Gotham ». En effet, Cory Michael Smith soit « Nigma » dans ladite série, est bien loin de son jeu d’acteur machiavélique avec « Le Musée des merveilles ». Il incarne un proche de Rose avec une belle efficacité. Quant à Jaden Michael (« Paterson ») qui se rapprochera du jeune Ben, son côté funky et entreprenant lui permettent de dégager une splendide aisance face aux caméras. Enfin et surtout, le plus grand mérite revient à la jeune Millicent Simmonds qui débute sa carrière de comédienne au travers de cette réalisation. À commencer par la musique, le son et la couleur. Parce qu’elle a bien été dirigée, mais surtout parce qu’elle s’est sentie totalement concernée puisqu’elle est sourde et communique dans la langue des signes américaine.
Bien, plus serait à approfondir par rapport au « Musée des merveilles » avant de le découvrir en salles. Toutefois, il est bien de savoir que les années évoquées pour la trame ont des sens précis. Ainsi, plusieurs hommages et représentations d’époques passées sont rendus. Le cinéma muet, le noir et blanc, l’image crasseuse de New-York dans les années 70, et même l’arrivée du parlé en 1927. Car les deux époques choisies ne sont pas dues au hasard et les reconstitutions de ces dernières sont très bien filmées. La musique constitue aussi une part très importante dans l’histoire. Et pour ce faire, c’est Carter Burwell qui s’est superbement investi dans cet ouvrage. Bien qu’il s’agisse de sa 4ème collaboration avec le metteur en scène Todd Haynes, le compositeur ajoute ses accompagnements musicaux de façon surprenantes et mélodiques. Que ce soit avec un orchestre, des sonorités funky ou plus mélodramatiques.
« Le Musée des merveilles » est effectivement un film s’adressant aux enfants. Une partie d’entre eux aux Etats-Unis ont même visionné plusieurs étapes lors de la post-production. Ceci dans l’intention d’écouter leurs créations, intuitions et remarques. Bien sûr, le public externe à ce projet appréciera aussi les différentes émotions s’en dégageant. Bien qu’il soit préférable que les enfants soient accompagnés par un adulte, notamment pour les explications ou scènes parfois un peu plus complexes, le long-métrage permet sans nul doute de passer du rire aux larmes et d’éprouver de la compassion pour les héros. Il laisse facilement place aussi à l’imaginaire et surtout, explique davantage les problématiques de la surdité. Même si plusieurs avancées technologiques (comme les applications) aident à mieux communiquer avec les sourds-muets. Une réalisation idéale et magique pour cette fin d’année.
Le Musée des merveilles (Wonderstruck)
USA – 2017 – 117 Min. – Drama
Réalisateur: Todd Haynes
Acteur: Millicent Simmonds, Julianne Moore, Cory Michael Smith, James Urbaniak, Damian Young, Patrick Murney
Pathé Films
29.11.2017 au cinéma