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samedi, décembre 21, 2024
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Interview : Nicolas Ramade au secours du doublage français !

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Passionné et bercé depuis son enfance par le cinéma et plusieurs voix françaises, le jeune et prometteur Nicolas Ramade a décidé de réaliser un court-métrage mettant en avant des comédiens-iennes. Mais pas n’importe qui, puisque ces derniers-ères sont très actifs-ives dans le milieu du doublage. Nommés communément comédiens-iennes (de doublage), voici ce qu’il peut se passer si on se fait « voler » sa voix.

À l’occasion de son petit succès, notamment sur Youtube, nous avons rencontré l’homme derrière la caméra qui s’est prêté avec plaisir à notre jeu de questions.

Nicolas Ramade, comment vous est venu l’idée de ce qui allait devenir un court-métrage ?
Depuis que je suis enfant, j’ai toujours aimé ces voix et le travail des personnes faisant du doublage en France. Un jour, je discutais avec mon ami de longue date Julien Pichard (producteur du court-métrage) et lui ai dit que ça serait très sympa et intéressant de réunir ces comédiens-iennes pour un projet commun. Sa réponse fut si favorable d’emblée, que je commençai à m’atteler à l’écriture rapidement.

En combien de temps aviez-vous fini votre script ? Quelle a été la plus grande difficulté par écrit ?
Le plus important dans le scénario était d’écrire les personnages tout en songeant à chaque acteur-trice qui allait doubler en parallèle. En repensant aux difficultés apparues, j’ai dû moduler afin que par exemple, Bernard Tiphaine (voix indissociable et rocailleuse de Chuck Norris notamment) reste calme quoi qu’il advienne. Car le public est habitué à l’entendre posément, sans excitation. À l’inverse, avec Richard Darbois (voix très perceptible d’Harrison Ford notamment) les interprétations peuvent être plus extraverties, voire foldingues.

Le scénario prêt, vous êtes passé à quelle étape ?
L’impératif était de rencontrer tous les acteurs-trices afin d’obtenir leur aval. Au travers de l’association francophone, « Lesvoix.fr », j’ai d’abord contacté Maïk Darah (voix inséparable et culte de Whoopi Goldberg notamment) qui a tout de suite acceptée. Elle m’a ainsi transmis les coordonnées de Patrick Poivey (voix très récurrente et grave de Bruce Willis notamment) qui m’a, à son tour, communiqué vers qui on pourrait s’adresser pour qu’ils/elles puissent potentiellement participer à « On s’est fait doubler ! ».

Honnêtement, je ne pensais pas qu’autant accepteraient ! Finalement, 16 d’entre eux se sont investis pour notre court-métrage, et ce, comme bénévoles. Je les remercie d’ailleurs une nouvelle fois pour avoir cru en notre idée.

Comment avez-vous choisi les lieux de tournage ?
Il fallait que ceux-ci correspondent à l’ambiance de chaque séquence. Le plus dur à trouver a été la grande maison blanche de la « femme de la secte ». Mais dès notre arrivée, j’ai su que ce lieu serait idéal pour ce plan.

Les agent-e-s et studios où les comédiens-iennes en doublage se sont enregistrés, ont-ils été très favorables envers vous et « On s’est fait doubler ! » ?
Oui, un directeur artistique nommé Eric Sola a vu le court-métrage monté. Il n’était pas encore finalisé qu’il nous avait déjà contacté. Appréciant beaucoup notre projet, il a souhaité diriger le doublage en contrepartie de sa mise à disposition du studio. L’entente étant réciproque, c’est ainsi que les studios Mediadub nous ont très gentiment accueillis. Et donc que les comédiens-iennes en doublage ont pu enregistrer dans les meilleures conditions possibles.

Pourquoi avoir choisi, notamment, Georges Caudron (voix très récurrente et venue d’ailleurs de David Duchovny notamment) et Odile Schmitt (voix très récurrente et suave d’Eva Longoria notamment) ?
Pour la même raison relative aux autres acteurs, parce que j’aime leur voix et leur travail. Je sais que de nombreuses personnes travaillent dans ces studios, mais comme il s’agit d’un court-métrage, j’ai malheureusement dû faire des choix pour réunir les « voix ». En toute honnêteté, si tout le monde voulait participer à « On, s’est fait doubler ! » , il faudrait directement partir sur un long-métrage.

Comment avez-vous créé l’affiche officielle du court-métrage ?
Après de longues discussions, nous avions remarqué qu’il était difficile de représenter ces personnes changeant de voix. Finalement, nous avons décidé de montrer notre réalisation à Emmanuel Colombani. Ami depuis longtemps avec notre producteur Julien Pichard, c’est tout naturellement que le graphiste s’est intéressé de près à « On s’est fait doubler ! ». Et c’est ainsi qu’il nous a proposé ce qui allait devenir la couverture officielle en dessinant tous les visages du casting physique et vocal.

D’ailleurs, pourquoi ce titre ? Et comment l’avez-vous trouvé ?
C’était l’inspiration du moment ! Il nous semblait à la fois évident par rapport à l’histoire et plutôt amusant. Nous voulions aussi faire un jeu de mots donnant ainsi le sentiment que les acteurs-trices ayant leurs voix différentes se seraient fait-e-s arnaqué-e-s involontairement. Un peu comme dans les polars où les gentils se font manipuler par des personnes extérieures inconnues et étranges.

Une question plus financière à présent, comment avez-vous réussi à réunir les fonds ?
Dans un premier temps et une fois le montage achevé, nous avons envoyé notre dossier au CNC pour tenter d’obtenir une aide financière de leur part. Pour les personnes ne connaissant pas cet organisme, il s’agit du Centre National de la Cinématographie (pour la France) qui attribue les visas d’exploitation et peut soutenir un tel projet avec de la liquidité. Malheureusement, rien ne nous a été attribué. Nous regrettons leur décision, car notre court-métrage est aussi un hommage à une partie du cinéma en France.

Mais nous n’étions pas découragés pour autant. Après de nouvelles délibérations, nous sommes passés par le crowfunding via Ulule. Par ce biais du financement participatif, beaucoup de personnes se sont intéressés à notre projet. Et grâce à eux, nous avons pu réunir notre budget et tourner.

Quelles ont été les principales difficultés du tournage ?
Avant tout, que les acteurs-trices pensent à la voix qui allait leur être ajoutée par la suite. Également qu’ils adaptent leur jeu et gestuelle en fonction des voix pour le doublage. Par exemple, Aurore Sellier (qui joue la policière) devait vraiment incarner un personnage d’Anime pour qu’ensuite Brigitte Lecordier puisse la doubler comme elle le fait si bien avec Son Goku dans « Dragon Ball Z ».

Mais au fait, que connaissiez-vous du milieu du doublage avant « On s’est fait doubler ! » ?
J’ai énormément appris lorsque j’ai rencontré Christophe Lemoine qui m’avait invité à assister à une séance de doublage de « South Park ». Je savais qu’il doublait « Cartman » et « Butters », mais j’ai été étonné de voir qu’il pouvait passer de l’un à l’autre instantanément. Ce même lorsque les deux personnages discutent ensembles.

Envisageriez-vous de diffuser votre court-métrage en festivals ? Si oui, quelle serait votre manière de procéder ?
En fait, « On s’est fait doubler ! » a déjà été diffusé en festivals. Mais nous tenions aussi à l’émettre sur Internet pour que le public puisse le découvrir. Avec le recul, nous réalisons que notre court-métrage a un impact positif, car beaucoup d’internautes nous laissent des messages valorisants.

Pour terminer, quels souvenirs/anecdotes gardez-vous par rapport à cette formidable expérience ?
À chaque fois qu’un-e comédien-ienne de doublage venait travailler, nous en profitions pour l’interviewer. C’était vraiment passionnant de pouvoir discuter avec eux et d’entendre leurs anecdotes sur leur métier et leurs vies. Je suis aussi fier que Pierre Hatet ait accepté de sortir de sa retraite parce qu’ « Qu’on s’est fait doubler ! » lui a plu. Ainsi, nous pouvions faire entendre au public une nouvelle fois la célèbre et fameuse voix française de « Doc Brown » avec son expression « Nom de Zeus ! » (pour rappel, elle est inoubliable et dite dans la trilogie où le passé et le futur se côtoient souvent…).

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