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vendredi, décembre 27, 2024
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L’amour au club

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Si Sam Peckinpah avait fait des films de cul, il aurait fait « L’Amour au club » !


EROS ET THANATOS
Les Enfants de la Lumière est une secte hippie célébrant le sexe et la fraternité. Dorian, son gourou chantant, parcourt les plages pour séduire les jeunes filles, les initier charnellement au culte avant d’en faire les messagères de l’amour universel. Tous obéissent à la troublante Divine, déesse autoproclamée de cette communauté (la légendaire et sublime Laura Gemser) qui fait régner un ordre de fer sur sa communauté. Car attention, derrière la frénésie sensuelle, on n’est pas là pour rigoler ! Tout sentimentalisme est puni des pires châtiments sous la houlette de Tanga, le culturiste moustachu. Pourtant dans la coulisse, les choses se lézardent : des adeptes se mettent à renâcler, Dorian en pince pour sa dernière prise, et la police se des questions sur les généreux qui arrosent la secte…

Le scénario tente de surfer sur la prolifération d’affaires sectaires de la fin des années 1970.  Entre autres Les Enfants de Dieu, ou La Famille, un groupe new age très porté sur la chose dont le gourou David Berg avait développé un quasi réseau de prostitution à des fins missionnaires. Et puis le massacre de Jonestown au Guyana en 1978, où plus de 900 membres du Temple du Peuple se suicidèrent collectivement alors que la justice américaine s’intéressait aux comptes opaques de Jim Jones, leur gourou.

Les Enfants de la Lumière est donc un peu le croisement de ces deux mouvements : mysticisme new age où tout le monde partouze dans l’allégresse et communauté soudée autour de sa gourou, enfermée dans un camp dont on ne s’échappe pas. Bon, les moyens ne suivent pas vraiment et si les extérieurs de la confrérie, tournés dans un véritable village de vacances chypriote promis à la destruction font illusion, les intérieurs reconstitués avec deux rideaux en raphia et trois planches de contreplaqué peinturlurées font peine à voir. Mention spéciale au couteau et surtout au sabre de cérémonie en carton plaqué or qui achèvent toute crédibilité à l’ensemble.

CASTING IMPROBABLE
Si Laura Gemser est parfaite en Divine, pour le reste du casting, on rentre davantage dans l’hilarité. Les adeptes de la secte forment une belle collection de moustachus pas motivés et de blondasses molles. Les nudités, féminines et masculines, abondent et permettent de distraire l’œil de l’érotomane adepte de sensualité vintage, pilosité hors contrôle et corps qui n’ont pas cédé à la dictature de la chirurgie plastique. De plus, la Divine est secondée pour ses basses œuvres par son bras droit Tanga. Ah Tanga… interprété sans aucune retenue par le culturiste allemand Sascha Borysenko, celui-ci irradie tellement de sur-jeu satisfait qu’il en devient instantanément l’une des attractions du film : il est à fond tout le temps et défonce allègrement toutes les notions d’acting avec un enthousiasme qui force le respect.

Et surtout n’oublions pas celui sans qui le film n’aurait probablement pas pris un tel tour de démence, Dorian le gourou chantant incarné par l’extraordinaire Christian Anders. Parmi la galerie de personnages invraisemblables qui traînèrent leurs guêtres dans le cinéma d’exploitation, Christian Anders se pose là : imaginez seulement un instant qu’au sommet de sa gloire, Claude François se soit soudain mis au karaté pour tourner dans des films d’action érotiques avant de virer gourou/lanceur d’alerte conspirationniste chtarbé. Et bien Anders c’est ça. A la base, notre Autrichien peroxydé est un chanteur de schlager, varietoche de charme calibrée pour midinettes, qui fit un carton dans les années 70. Mais avec le succès, les mélodies sirupeuses ne suffisent plus à notre homme qui se passionne à la fois pour le cinéma et les arts martiaux et se rêve dès lors en Bruce Lee germanique.

Après un premier film de ninja au succès mitigé, il vient vampiriser cette petite production érotique. Magie des montages financiers acrobatiques du cinéma d’exploitation, il finance la production grâce à sa société de disque Chranders et s’investit à fond, raflant le premier rôle et tous les postes techniques : il a les sous, il a le pouvoir !

Le film regorge donc de passages chantés absolument gratuits mais dont les airs assez ronge-tête vont vous hanter un moment. Ne niez pas, si vous les entendez, vous allez vous mettre à les fredonner et après vous vous sentirez sales !

[Richard Tribouilloy]
Retrouvez l’intégralité de cette critique – et des centaines d’autres – sur nanarland.com, le site des mauvais films sympathiques.

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