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vendredi, décembre 20, 2024
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Quatrième jour au Festival de Locarno : des courts-métrages qui semblent durer des heures et des longs qui passent en un battement de cils

[dropcap size=small]L[/dropcap]e premier film de la journée était L’ordre divin ou Die göttliche Ordnung, de Petra Volpe, projeté au FEVI, une salle de 3’000 sièges en périphérie de Locarno. Une longue file attendait devant le cinéma bien avant le début du film, et la salle était pleine pour la projection. Ça fait plaisir de voir autant de monde pour un film suisse. L’ordre divin relate, avec de nombreux raccourcis, les mois précédent la deuxième votation pour le suffrage féminin en Suisse. Le film reprend surtout du point de vue de Nora, jeune mère et femme au foyer dans un petit village suisse ou les bouleversements sociaux de 68 se font peu sentir. Il illustre la mentalité et l’opinion générale face à cette votation, ainsi que des moments majeurs qui jalonnent cette période. Bien construit et raconté, avec des touches d’humour indispensable pour ne pas crisper le discours, le film a reçu l’ovation qu’il méritait à la fin de la projection.

À 14h c’était les courts de la catégorie Pardo di domani : concorso internazionale. Signature : tout en marchant, un homme marmonne un texte qu’il semble apprendre par cœur ; la suite nous dira pourquoi. Douggy : ambiance de nuit et d’ennui dans un centre de dépannage. Longuet et inintéressant. Fine di un amore : deux jeunes vivent d’amour et d’eau fraîche dans les prés. Aspect très amateur. Das satanische Dickicht : Une journée en famille au camping. Sataniquement, je ne sais pas, mais sacrément ennuyeux. Loop : Une jeune femme reçoit une carte sans texte. Son seul indice est le parfum qu’elle sent sur la carte. Dès lors, ses actes deviendront de plus en plus incompréhensibles.

Dans l’ensemble, à part le premier, j’ai trouvé cette série de court-métrage très ennuyeuse, cheap, vide de sens, mal réalisée, mal jouée ou tout à la fois. La volonté de réalisme de certains les ramène au stade d’enregistrement d’une caméra de surveillance dans un endroit où il ne se passe rien. C’est filmer n’importe quoi, n’importe comment et n’avoir rien à dire, mais prendre vingt minutes pour le faire.

Al-momia, de Shadi Abdel Salam

Puis Severina, en vision de presse. Une jeune femme entre dans une librairie lors d’une lecture publique et revient souvent pour voler des livres, ce qui semble la mettre dans un état proche de la transe. Le propriétaire la voit chaparder des livres à chacune de ses visites, mais ne fait rien dans un premier temps, attiré par cette mystérieuse jeune femme. Puis il la confronte et essaie d’en savoir plus sur elle. La photographie est belle, la vieille librairie charmante, mais l’action est lente, entrecoupée de trop de discussions sur la littérature, ou de lectures à haute voix. Cet étalage décousu grève le film plus qu’il ne le sert. Tout comme le côté mystérieux de Severina, qui finit par devenir lassant, si ce n’est absurde. Pas trop mal, sans plus.

J’ai sacrifié les 15 dernières minutes de ce film pour aller voir Al-momia, de Shadi Abdel Salam au GranRex. C’était une version restaurée en 2009, absolument superbe ; le film semblait sortir du labo à son premier film. A la fin du XIXème siècle un égyptologue s’aperçoit que des tombes pharaoniques ont été pillées. Une partie du film va suivre les égyptologues et leurs efforts de préservation. De l’autre côté, Wannis succède à son père et comprend que sa tribu vivent du pillage des tombes, et décide d’y mettre fin. Le rythme de Al-momia est assez lent, mais j’ai été fascinée par les cadrages, les couleurs absolument magnifiques, l’utilisation des éléments dans le cadre. Notamment celui de petits éléments contrastés qui prennent un poids particulier, comme par exemple les silhouettes voilées de noir dans le paysage désertique. L’espace clair alentours est comme modelé tout entier, par la forme de ces silhouettes. Al-momia est un de ces films dont on voudrait à tout moment arrêter le cours, tant les photogrammes semblent tous parfait, par leur couleur et leur composition.

Amore que non sanno stare al mondo, de Francesca Comencini, parle de l’histoire d’amour et de sa douloureuse rupture, entre Claudia et Flavio. Claudia qui met de la passion dans tout ce qu’elle fait, aimait Flavio plus que de raison et est totalement excessive dans son travail de, suite à la rupture. Flavio, lui, essaie d’avancer et de s’épanouir dans une nouvelle relation. Le film aurait pu verser dans le mélodramatique, mais est heureusement sauvé non seulement par la personnalité totalement survoltée de Claudia, mais également par beaucoup d’humour. Malgré quelques défauts, il reste une bonne comédie plutôt réaliste. Le film a été présenté en première mondiale sur la Piazza Grande.

Et pour finir : What Happened to Monday ? de Tommy Wirkola. Dans un avenir proche, la loi d’un enfant par famille est appliquée afin d’éviter la surpopulation. Le Bureau se charge de faire appliquer cette loi et mettre provisoirement sous cryogénie les enfants surnuméraires. Afin d’échapper au Bureau, sept sœurs, baptisées par le nom des jours de la semaine, ont appris à vivre cachées, ne sortant qu’une fois par semaine sous la même identité : Karen Settman. Tout va pour le mieux dans cette routine soigneusement répétée, jusqu’au jour ou Monday ne revient pas. Terrifiées, les six sœurs hésitent entre attendre son retour ou prendre la relève pour aller travailler, comme si de rien n’était.

La donnée de départ est assez bonne et les scènes d’action sont bien menées. L’intrigue et les évènements s’enchaînent avec un bon rythme. Cachées dans leur appartement comme des rats, les sœurs doivent affronter l’ennemi invisible qui les menace, tout en poursuivant une enquête à tambour battant, pour en savoir plus sur la disparition de Monday et la situation en général, afin de déterminer à quel point leur vie est en danger. Le côté suspens et action sont bien équilibrés, mais beaucoup d’éléments ne tiennent pas la route. De plus, les sept sœurs sont jouées par la même actrice : Noomi Rapace. Son physique très particulier et très travaillé surtout, rend la possibilité de six autres sœurs absolument identiques peu crédible. À ce stade, on est plus proche du clone que des sœurs naturelles. D’autant plus que le travail de maquillage et coiffage auquel se soumettent quotidiennement les sœurs pour ressembler à Karen Setteman devient un peu absurde. Bien que les coiffures et costumes changent, elle « se ressemble trop ». Il aurait peut-être mieux valu choisir deux ou trois actrices au physique très proche, et les dupliquer. Mais ces quelques détails mis à part, What Happened to Monday reste un bon film d’action et l’attention ne fléchit pas pendant tout le film et ses nombreux rebondissements.

A voir aussi :
Premier jour au Festival de Locarno, avec au programme :
https://www.daily-movies.ch/locarno-2017-premier-jour

-Rétrospective Jacques Tourneur
Moor, de Jamshed Mahmood Raza
Scary Mother ou Sashishi Deda, d’Ana Urushadze

Demain et tous les autres jours, de Noémie Lvovsky
– Soirée d’ouverture, très glam

Deuxième jour du Festival :
https://www.daily-movies.ch/festival-de-locarno-2017-jour-2

Avec au programme :
– 28, film sri-lankais de Prasanna Jayakody
– El Pisito, de Marco Ferreri
– Distant Constellation, de Shevaun Mizrahi
– Out of the Past , de Jacques Tourneur
– Laissez bronzer les cadavres, d’Hélène Cattet et Bruno Forzani

Troisième jour du festival, avec au programme :
https://www.daily-movies.ch/troisieme-jour-a-locarno-2017

–  le magnifique Osama, un film de Siddiq Barmak, de 2003
– Wajib, de Annemarie Jacir
– Lucky de Caroll Lynch, avec Harry Dean Stanton, sur qui repose tout le film, et David Lynch
– Sparring, de Samuel Jouy, avec Mathieu Kassovitz
– Good Time, de Ben et Joshua Safdie

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