Après le tarantinesque « Django » (2012) et l’émouvant « 12 Years a Slave » (2013), Nate Parker propose un film très différent sur la question de l’esclavagisme des populations noires.
En Virginie, trente ans avant la guerre de Sécession, Nat Turner est un esclave qui, grâce à ses connaissances bibliques, va devenir prêtre et enseigner aux autres esclaves noirs de la région, une soumission la plus totale aux esclavagistes blancs. D’abord vue comme une sorte d’émancipation, la « promotion » de Nat sera bientôt plus une malédiction qu’autre chose, et l’entraînera à réunir ses pairs pour se révolter. Ici, la religion est au centre de tout ; d’un côté, elle permet de garder espoir, d’aspirer à un avenir meilleur, alors que, d’un autre, elle est un moyen de manipulation et de pression, une occasion de rappeler la servitude avec cruauté. Le film est ainsi régulièrement rythmé par des joutes verbales, chacun y allant de son verset pour contredire l’autre, en sortant de leur contexte les phrases bibliques pour en sortir une morale, comme son contraire. Et là au-milieu, des réflexions sur la présence de Dieu, sa bonté, ses volontés, son amour pour ce peuple noir qui souffre de la barbarie blanche.
Nina Simone et sa chanson « Strange Fruit » accompagnent avec magnificence et dureté les nombreux regards pleins de non-dits ainsi que les scènes crues de coups de fouet et de violences. Mais le message est flou : si c’est sur le mouvement d’insurrection que Parker a voulu insister, alors il semble arriver trop tard dans le film. La première partie annonçait un film fort, mais la seconde glisse vers le cliché, le déjà-vu, et déçoit par son manque de subtilité et de clarté. On appréciera tout de même le choix du titre du film, allusion à celui de Griffith en 1915, qui permet de revenir sur la question cent après, de réparer, un peu, le mal qui a été fait.
The Birth of a Nation
US – 2016 – Drama
Réalisateur: Nate Parker
Acteur: Nate Parker, Armie Hammer, Colman Domingo, Aja, Naomi King
Cineworx
26.04.2017 au cinéma
