Bien que cette relecture de la série des années 90 souffre d’un rythme très irrégulier et d’effets spéciaux parfois médiocres, elle parvient à trouver son public.
D’un point de vue cinématographique, ce 21ème siècle est marqué d’une quantité phénoménale de reboots. C’est donc sans surprise que Dean Israelite (« Projet Almanac ») décide également de s’y mettre en s’attaquant à une adaptation de la première saison des « Power Rangers », une série populaire des années 90, créée par Haim Saban et Shuki Levy. Dans « Saban’s Power Rangers », l’histoire de base suit à peu près les mêmes prémisses que la série originale : cinq lycéens trouvent un vaisseau spatial et acquièrent des pouvoirs hors-du-commun. Quand ils découvrent qu’une ancienne menace complote pour détruire la planète, le groupe décide de s’unir pour la stopper.
Ce film de Dean Israelite se focalise d’avantage sur les protagonistes eux-mêmes et leurs problèmes personnels qui les empêchent d’atteindre tout leur potentiel en tant que Power Ranger et individu. Le long-métrage démarre similairement à la trilogie de « Spiderman » de Sam Raimi. Jason (Dacre Montgomery), Kimberly (Naomi Scott), Trini (Becky G), Billy (RJ Cyler) et Zack (Ludi Lin) sont des adolescents que la société appellerait “hors normes ». Loin d’être les plus populaires du bahut, ils ont tous leurs particularités et c’est exactement ça que les scénaristes veulent développer et traiter de façon naturelle et réelle, contrairement à la série originale, où les personnages représentaient des ados idéaux adoptant des poses ridicules. Pour accéder au titre de Rangers, les jeunes doivent créer des vrais liens d’amitié entre eux, abandonner leur insécurité et s’entraîner dans les costumes. Cette volonté de poser les bases de cet univers amène, cependant, le film à s’éloigner de l’essence de l’œuvre originale, c’est-à-dire des séquences d’action. Celles-ci sont rares et ne se déroulent que dans la troisième partie, générant ainsi un certain déséquilibre dans le rythme. Par ailleurs, elles n’atteignent jamais l’intensité attendue. Ajoutons que les effets spéciaux utilisés pour Goldar, un monstre crée par le personnage d’Elizabeth Banks, sont ignobles et les Zords, ces machines colossales commandées par les Rangers, laissent à désirer, ce qui leur donnent un air d’une version générique d’un « Transformers ». Certes, les héros sont plus travaillés, particulièrement celui qui revêt le costume bleu, Billy, mais ils ne sont pas tous au bénéfice d’un tel soin. Par exemple, Jason ne présente aucun intérêt et rien ne justifie son statut de leader, qui semble trop forcé. Rita Repula (Banks), la vilaine psychotique et possessive de l’histoire, est trop unidimensionnelle et la résolution du conflit qu’elle a généré est trop simpliste.
Étant donné qu’en 1993, le public avait uniquement été habitué à des petits ninjas colorés, sans substance, faisant des pirouettes et combattant des gros monstres venant d’autres planètes, voir « Saban’s Power Rangers » essayer d’aborder délicatement des personnages et thèmes tels que l’homosexualité, le sexting ou l’autisme, ne peut être perçu que d’un bon œil. Les références faites à la série originale, l’interprétation de Bryan Cranston, ainsi que de Bill Hader seront aussi bien accueillies par les fans de la série.
Au final, le long-métrage de Dean Israelite est une aventure d’adolescents pour les adolescents et fans inconditionnels, puisqu’il est trop complexe pour les petits et trop superficiel pour les plus grands. Il nous enseigne que l’on peut être un super-héros, malgré nos failles. Plus que ça, ces failles font de nous des super-héros, elles sont des parties intégrantes. Contrairement à ce que l’on attendait, « Saban’s Power Rangers » n’est pas une catastrophe et réussit même à être amusant quand il embrasse le côté espiègle et infantile de l’original. Ce n’est pas un chef d’œuvre, d’ailleurs, l’abondance de musiques commerciales vient le prouver. Mais ça aurait pu être pire. Bien pire…
Saban’s Power Rangers
(Power Rangers)
US – 2017 – Action
Réalisateur: Dean Israelite
Acteur: Bryan Cranston, Elizabeth Banks, Naomi Scott, Becky G., Bill Hader, David Denman
Impuls
05.04.2017 au cinéma