« Parfois on pleure car on est heureux » si l’on croit un des personnages de « Ma vie de courgette ». Beaucoup de larmes ont dû être versés par tous ceux ayant vu ce superbe film d’animation, un vrai petit bijou de sensibilité qui tout en nous serrant le cœur est porteur d’un très beau message d’espoir.
« Ma vie de courgette » c’est l’histoire du petit Icare, qui veut qu’on l’appelle Courgette, surnom que lui donnait sa mère. Devenu orphelin suite au décès de cette dernière il va être placé dans un foyer pour enfants. D’abord malheureux et se sentant seul au monde, il va connaitre l’amitié, entouré d’enfants comme lui, qui ont tous leurs histoires propres aussi délicates que touchantes. Avoir une bande de copains voire même tomber amoureux, plein de choses à apprendre et à découvrir, autant d’éléments qui vont peut-être permettre à Icare, pardon, Courgette de connaitre le bonheur ?
Les innombrables prix reçus et autres nominations dont a fait l’objet ce film sont pour le moins mérités et sont un digne hommage car en à peine plus d’une heure, Claude Barras nous fait chavirer et nous entraîne, sans retour possible, dans ce magnifique conte aussi simple que touchant. Même en essayant de résister, il est impossible de ne pas s’attacher à ces personnages et leur histoire et nous passons ces 60 petites minutes à espérer pour eux un dénouement heureux.
Les thèmes abordés sont pourtant des questions épineuses, qui peuvent parfois gêner telles que la maltraitance des enfants, leur avenir et leur (re)construction pas vraiment évidente après une enfance difficile mais le tout est raconté de manière sobre, sans surenchère ou pathos, juste la parfaite dose d’humanité et de sensibilité nécessaire. Courgette et ses jeunes amis apprennent les uns des autres, s’entraident et plutôt que pleurer sur leur sort, ils se servent de ces épreuves et transforment leurs peines en forces pour se construire un futur meilleur. Ce savant mélange entre mélancolie, manque de repères, solitude que nous voyons peu à peu se transformer en joie, espoir et amitiés, c’est comme un lever de soleil qui illumine l’écran et transcende la vie de cette petite communauté et nous avec.
Claude Barras réussit un véritable tour de maitre car en très peu de temps, il nous fait plonger la tête la première dans un superbe conte, nous touche en plein cœur avec des mots simples, des scènes sobres mais d’une efficacité qu’elles font mouche à chaque fois. Mais quand bien – même l’histoire est absolument remarquable et superbement bien écrite, il ne faudrait pas oublier l’ensemble de la réalisation qui mérite tout autant de compliments à commencer par l’animation : entièrement réalisée en stop motion, nous ne pouvons que rester béats devant la qualité et le travail titanesque engendré pour arriver à un tel résultat (les quelques featurettes en bonus de ce Blu-ray donnent un petit aperçu de toute cette énorme tâche).
L’esthétique adoptée est aussi un point qu’il est important de souligner car elle apporte une très belle touche de fraicheur, de simplicité mais qui rend le tout très beau sans que cela soit surchargé, bien au contraire, tout comme l’histoire, cela reste sobre. Sobre mais diablement efficace et contribuant à cette ambiance générale toujours dans cette tonalité touchante mais sans jamais en faire trop.
Le choix fait pour les voix est aussi génial que ce soit le casting parfaitement en accord avec les personnages mais aussi le souci de réalisme : plutôt que placer les enfants derrière un micro pour réciter leur texte, ils ont été mis en situation, ce qui rajoute une touche de crédibilité, de sincérité, très importants, on les sent habités par leurs personnages. Il est impossible finalement de ne pas mentionner la musique signée Sophie Hunger qui rajoute une dimension supplémentaire, si tant qu’il en fallait encore une, une touche de mélancolie qui colle en tout point à l’ensemble.
« Ma vie de courgette », une œuvre à voir et revoir sans restriction, un film d’une profonde humanité, porteur d’un très beau message, une œuvre de laquelle on ne ressort pas sans quelques larmes mais des larmes de bonheur. « Parfois on pleure car on est heureux » …devant un chef d’œuvre comme celui-ci les larmes sont les bienvenues et on ne va rien faire pour les retenir ! Du très grand cinéma !
Réalisateur : Claude Barras
Inspiré du roman de Gilles Paris « Autobiographie d’une courgette »
Durée : 66 minutes
Bonus : Bande-annonce, Teaser, Making of, Featurettes
Distributeur : Praesens