Le réalisateur chilien Matias Bize signe une nouvelle œuvre s’inscrivant dans la lignée de ses précédents films. Il explore à nouveau la complexité des relations humaines, ici celle d’un couple confronté à la mort tragique de leur fils.
Le film, qui a raflé deux prix dans des festivals (meilleure actrice et meilleur réalisateur), raconte avec sobriété le drame de la perte d’un enfant, la dévastation qu’il engendre chez ceux qui sont à la fois parents et amants, la difficulté de faire face à cette réalité et les chemins différents que chacun emprunte pour vivre son deuil. Amanda ne supporte plus de voir Javier. La douleur de la perte de leur fils lui est insupportable et le déni de son mari l’empêche de vivre son deuil et de se reconstruire. Elle doit partir. Javier, lui, n’arrive pas à pleurer. Il refuse la réalité des conséquences de la mort de Pedro. Il voudrait pouvoir être à nouveau heureux avec sa femme et s’accroche à l’espoir d’un retour en arrière impossible. Alors il tente de la reconquérir. L’absence de l’enfant est évoquée avec finesse – un vide laissé au mur – il n’est jamais montré et sa mort est gardée hors champs. Le personnage n’a d’existence qu’au travers des souvenirs de ses parents. Absence de l’enfant, absence de l’autre, Amanda et Javier sont seuls face à leur deuil. Entre refus d’oublier et espoir vain de se reconstruire ensemble dans cette épreuve, le couple navigue entre culpabilité et douleur, espoir et désillusion pour échouer ensemble sur une confrontation finale magistrale. La réalisation est sobre, les dialogues succincts mais efficaces. Sans jamais se laisser aller au pathos, le drame de « La Memoria del Agua » est narré de manière crue et poignante, à l’image de la réalité du deuil.
La Memoria del Agua
De Matias Bize
Avec Benjamin Vicuña et Elena Anaya
Trigon Films
Sortie le 07/12