Pilote et co-pilote, Clint Eastwood et Tom Hanks nous offrent un film en hommage au héros de l’Hudson River.
Ces dernières années en particulier, Clint Eastwood a porté à l’écran la carrière de personnes d’exceptions, des figures américaines pure souche. En 2011, il retrace le parcours du directeur du FBI « J. Edgar », et poursuit avec les aventures musicales des « Jersey Boys » (2014), suivi plus récemment des actions militaires d’un « American Sniper » (2015). Dans son nouveau film « Sully », Eastwood révèle les pénibles heures qui ont suivi l’exploit pourtant miraculeux du pilote de ligne Chesley Sullenberger, interprété par Tom Hanks. L’acteur fait fort ce mois : toujours à l’affiche d’ « Inferno » dans lequel l’avenir de la planète entière est entre ses mains, il tient à nouveau le rôle d’un héros dans « Sully ».
En 2009, quelques minutes après son décollage de l’aéroport new-yorkais La Guardia, un Airbus A320 de la compagnie US Airways heurte des oiseaux en plein vol, détruisant de plein fouet ses deux réacteurs. Les violentes secousses provoquent la panique au sein des passagers. Mais le pilote sexagénaire, celui qu’on surnomme amicalement Sully, garde son sang-froid face à la situation urgente. Aidé de son co-pilote, joué par Aaron Eckhart, Chesley Sullenberger fait confiance à son instinct et prend la décision d’amerrir sur l’Hudson River pour ainsi sauver la vie de tous les passagers. Le scénario de l’exploit est digne d’un thriller hollywoodien. L’Amérique n’en revient pas, Sully devient un héros aux yeux du monde entier. En revanche, pour les autorités américaines, impossible d’en rester là. Le Capitaine Sullenberger a mis en danger la vie de 155 personnes. Ne tenant pas compte du bilan miraculeux, les enquêteurs lui reprochent d’avoir mal agi dans la précipitation, une grave erreur pour un pilote avec plus de 40 ans d’expérience derrière lui. Pourquoi ne pas avoir atterri sur la piste de l’aéroport le plus proche ? Prétention des enquêteurs… La gloire et le courage du Capitaine Sullenberger semblent avoir un prix.
Par la mise en scène d’une solidarité hudsonienne immédiate, Clint Eastwood expose une nouvelle fois son esprit patriotique d’Américain qu’il transmet à travers l’image d’une New York aux paysages plus froids que pimpants, témoignant de l’atmosphère glaciale de ce jour controversé. Comme dans nombre de ses films, le héros simple et seul se retrouve à lutter contre une machinerie administrative multiple. Heureusement, l’enquête engagée contre Sully est plus inattendue et aberrante que destructrice pour ce dernier, même si elle met quelque peu à l’épreuve la réputation et la carrière de ce pilote d’exception. Face à cette injustice, Eastwood répare les torts et rend hommage à ce dernier.
Si Sully a su agir dans la précipitation, le film, lui, met un certain temps avant de décoller. Des flash-backs rythment un récit toutefois bien construit, qui ne suit pas l’ordre chronologique, permettant ainsi au réalisateur de mélanger les temporalités en invitant le spectateur dans la reconstitution progressive de cet événement. Aucune opinion ne nous est imposée, les faits parlent d’eux-mêmes.
Depuis qu’il exerce son métier, Chesley Sullenberger garde précieusement une citation dans le fond de sa poche qui le guide dans tous ses voyages dans le monde parfois risqué de l’aviation : « Un retard vaut mieux qu’une catastrophe ».
Sully
De Clint Eastwood
Avec Tom Hanks, Laura Linney, Autumn Reeser, Aaron Eckhart, Jerry Ferrara
Warner Bros.
Sortie le 30/11