Pour sa première Palme d’Or au Festival de Cannes, Jacques Audiard a choisi de dépeindre le quotidien difficile de trois réfugiés tamouls essayant tant bien que mal de s’adapter et de s’intégrer à la société française. Le réalisateur introduit brillamment son personnage principal lors d’une scène cauchemardesque se déroulant au Sri-Lanka, dans laquelle celui-ci regarde des cadavres brûler. Une scène lourde de sens, le personnage de Dheepan abandonnant ici définitivement les armes pour aller tenter de refaire sa vie à l’autre bout du monde. En utilisant la jeune femme Yalini et la petite fille Illayaal pour faciliter son asile politique, il ne se doute pas que malgré une totale absence de liens de sang, une solidarité familiale va se nouer entre eux trois dans cette banlieue française où ils vont débarquer. C’est dans ces moments-là que le film touche juste, où la sensibilité féminine des deux femmes apaise et équilibre la brutalité animale et instinctive de Dheepan. Il tentera durant tout le film d’enterrer son passif de guerrier avant un dernier tiers un peu raté qui le contraindra à reprendre les armes. Qu’importe ses défauts évidents (notamment les passages incluant le très caricatural gangster de banlieue), « Dheepan » est ce qui pouvait arriver de mieux à Jacques Audiard qui renoue ici avec une narration tout en finesse.
Dheepan
De Jacques Audiard
Avec Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan,Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers
Praesens