La croisette a goûté aux zombies coréens avec Train To Busan, drame apocalyptique de Yeon Sang-ho projeté Hors-Compétition en séance de minuit un vendredi 13
Premier réalisateur à présenter un film d’animation sud-coréen à Cannes en 2011 avec The King Of Pigs, Yeon Sang-ho fait également une première cette année avec Train To Busan, marquant ses débuts avec le live-action.
Le film s’ouvre sur le plan d’une biche ensanglantée, à terre, qui ressuscite d’un craquement d’os effroyable, laissant apparaître des yeux blanchis. Une infection a bel et bien eu lieu. Quant Seok-woo, notre héros père de famille divorcé et trader individualiste, décide de prendre le prochain train pour Busan avec sa fille afin de rendre visite à la mère de l’enfant, il est loin de se douter que la ville est à feu et à sang et qu’une personne contaminée est montée à bord.
Le réalisateur coréen revisite le film de zombies à grande vitesse, sous fond de drame politique, social et familial, d’une violence assumée. Avec une parfaite maitrise de l’action et de la situation apocalyptique, Train To Busan propage son virus d’une rapidité étouffante, installant un effroi glaçant dès les premières minutes. Si l’approche d’une impression de fin du monde tient diaboliquement en haleine, c’est grâce à l’efficacité redoutable d’une mise en scène frénétique où les contaminations se succèdent à plus grande allure que le train dans lequel l’épidémie est désormais renfermée. Yeon Sang-ho pose avec intelligence des personnages représentatifs de chaque thème qu’il souhaite aborder, permettant à l’action de respirer grâce à une dramaturgie emplie de sens. Aux cotés du père et de sa fille, une équipe de baseball, deux sœurs septuagénaires, une femme enceinte et sa brute de mari déterminé à casser du zombie, des contrôleurs de train, un chauffeur, ou encore un antagoniste à l’égoïsme névrosé.
Le film n’oublie pas d’être fun et assume pleinement une surenchère jouissive de la catastrophe et des bastons de zombie. Le meilleur restant sans aucun doute le mari badass et son uppercut ravageur, qui jouira du meilleur plan du film en balayage latéral sur tout un wagon à mesure qu’il tabasse du mort-vivant. Pour autant, le film oscille entre l’apocalyptique nanardesque et la tragédie, manquant peut être d’une violence plus radicale et de coup de génie dans ses affrontements. Cependant, le réalisateur excelle dans la panique et l’invasion, grâce à un effet de masse paniquant – la scène des escalators –. La portée dramatique est étonnante, abordant des questions fondamentales sur l’obstination de survie, les regrets, l’approche de la mort et les actes d’héroïsme. Dommage que le long-métrage sombre légèrement dans la surenchère sur ses 30 dernières minutes, toutefois non dénuées de sens dans le dénouement tragique.
Train to Busan
De Yeon Sang-ho
Avec Gong Yoo, Dong-seok Ma, Yu-mi Jeong
Sortie inconnue