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mercredi, novembre 27, 2024
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« Brooklyn » : la vie, tout simplement…

Brooklyn De John Crowley

Un film sincère sur la vie, ses hauts et ses bas, et le combat d’une femme simple pour se construire une vie heureuse.


Grande surprise des nominations aux Oscars 2016, « Brooklyn » est reparti sans aucun trophée bien que nommé dans la catégorie du meilleur film de l’année. D’ailleurs, il est extrêmement rare de voir un film de cette prestigieuse catégorie n’avoir en tout et pour tout que trois nominations (« Meilleure actrice », « Meilleur scénario adapté » et donc également « Meilleur film de l’année »). Depuis 2010, année de la 82ème cérémonie des Oscars, le nombre possible de nommés aux Oscars a été modifié. Il n’y a plus uniquement 5 nommés dans la catégorie du meilleur film, mais entre 8 et 10. Ce changement intervient alors que les audiences de la retransmission télévisuelle de la cérémonie sont en chute libre auprès du public américain. En ouvrant la porte à des films indépendants pouvant créer la surprise, les organisateurs des Oscars ont su ramener ce public qui était lassé de connaître le dénouement de la cérémonie trop à l’avance. On peut donc remercier les Américains de s’être désintéressés de la cérémonie des Oscars car, grâce à eux, des films comme « Brooklyn » ont la chance de se voir offrir une plus grande visibilité.

Brooklyn De John Crowley

Trêve d’histoires, passons au film dont l’intrigue se place au milieu des années 1900 lorsqu’une forte immigration venant d’Irlande s’installa à New York. Décidément, quand on commence à parler d’Histoire il est difficile de s’en détacher !

Nous suivons le parcours d’Eilis Lacey, une jeune Irlandaise qui peine à se faire une place au sein de sa ville natale. Elle décide donc de tenter l’aventure américaine et, grâce à l’aide d’un homme d’église irlandais vivant à Brooklyn, Eilis arrive dans la Grande Pomme avec une chambre d’hôte et un travail dans une boutique qui l’attendent. Eloignée de sa mère et de sa sœur, Eilis ressent très vite le mal du pays. Elle doit donc redoubler d’efforts pour ne pas sombrer dans la déprime et continuer à croire en son rêve américain.

Brooklyn De John Crowley

Réalisé par John Crowley, « Brooklyn » doit sa réussite à sa justesse technique et particulièrement à la justesse d’écriture de ses personnages. En effet, Eilis n’est pas une femme particulièrement forte, ce n’est pas une fille spéciale à la Tris Prior de « Divergent » ou carrément une super-héroïne à la Wonder Woman qui va se battre contre des méchants en tous genres. Non, Eilis est une femme simple et normale dont la seule particularité est d’être une bonne personne. En outre, à l’inverse d’une Wonder Woman qui va tenter de sauver le monde face aux vilains bandits, Eilis va affronter un vrai ennemi encore plus difficile à vaincre. Cet ennemi nous le connaissons tous et nous avons tous eu à l’affronter un jour : le monde qui nous entoure.

En effet, n’ayant pas sa place au sein de sa ville natale du fait qu’elle ne trouve pas un travail décent, Eilis ne peut se projeter vers l’avenir. Essayez de retenir un chat sur vos genoux alors qu’il ne s’y sent pas à sa place et vous verrez les dégâts que ça fait. Eilis, elle, prend la décision de partir avant de se sentir à l’étroit et de devoir se révolter. C’est d’ailleurs la grande force de ce personnage qui, même si elle ne paie pas de mine, a suffisamment de caractère pour lutter afin de se construire un avenir meilleur. De plus, Eilis a suffisamment d’intelligence pour ne pas se laisser complètement dépasser par les évènements auxquels elle doit faire face, ce qui est rare pour un personnage principal féminin…

Brooklyn De John Crowley

La quête de bien-être est une quête que nous partageons tous avec Eilis et c’est pour cela que nous nous attachons rapidement à ce personnage qui pourrait être la personne assise à notre gauche au cinéma. Elle n’a rien de particulier, juste le fait d’être réelle et d’avoir, comme nous tous, le désir de trouver sa place dans le monde dans lequel nous sommes voués à passer bon nombre d’années.

« Brooklyn » réussit à nous exposer, le plus fidèlement possible, les ingrédients de la recette du bonheur. Pas besoin de vivre des aventures incroyables, pas besoin d’habiter dans une maison munie de dix salles de bains pour être heureux : il ne suffit réellement que de quelques éléments pour se sentir bien. Cependant, comme l’être humain est constamment à la recherche de nouveaux ennuis et de nouveaux questionnements, Eilis, toute femme normale qu’elle est, va passer par des étapes de remise en question et va devoir faire des choix cruciaux qui auront des répercussions directes sur l’avenir qu’elle s’était imaginée en partant aux Etats-Unis.

Brooklyn De John Crowley

C’est tout naturellement que « Brooklyn » propose sa version de la « love story ». Une histoire d’amour simple, normale et naturelle. En regardant la célèbre photo de ce couple s’embrassant à Times Square on est en droit d’imaginer comment ils en sont arrivés là. Est-ce qu’ils ont connu une rencontre unique en haut de l’Empire State Building alors que la femme était sur le point de se suicider ou alors est-ce qu’ils se sont simplement croisés lors d’un bal populaire ? Au final, la vie offre plus de chance de tomber sur la deuxième solution mais est-ce pour autant moins bien ? « Brooklyn » nous montre que simple et « normal » ne veut pas dire inintéressant.

Le personnage d’Eilis est soutenu par de merveilleux personnages secondaires et plus particulièrement du côté américain car, malheureusement, nous ne trouvons pas la même fraicheur et la même sympathie du côté irlandais. Quand on prend le parti d’offrir un personnage principal aussi humain, et donc banal, pour un divertissement sur grand écran, on se doit d’amener des personnages secondaires avec chacun un petit quelque chose en plus, un trait de caractère très prononcé, en faisant bien attention de ne pas tomber dans la caricature. Nous trouvons donc des personnages très justement écrits en Amérique alors que l’on tombe dans une certaine caricature dès que nous sommes en Europe. Cela a pour résultat que l’on s’ennuie un peu dès qu’Eilis se trouve dans sa ville natale.

Brooklyn De John Crowley

Il n’est pas impossible que ce soit une technique d’écriture pour nous faire particulièrement aimer Brooklyn (on le rappelle, c’est quand même le titre du film) au détriment de l’Irlande… Cependant, il n’est jamais agréable de s’ennuyer devant un film et c’est, hélas, ce qui arrive ici. On excusera ce petit passage à vide et on louera, encore une fois, les qualités de ce film qui apporte une bouffée d’air frais à la fiction américaine actuelle.

Brooklyn De John Crowley

Au final, « Brooklyn » est un film sur la vie, ses hauts et ses bas mais surtout c’est un film qui a l’intelligence de nous montrer ce qu’est la vraie vie sans tomber dans le sensationnel, l’impossible ou la grosse caricature d’une femme protagoniste qui, à un moment ou à un autre, se retrouvera en position de soumission face aux évènements qu’elle affronte. Eilis est le seul chauffeur sur la route de son destin; destin qui a amené le film à être sélectionné dans 3 différentes catégories aux Oscars 2016.

Brooklyn De John CrowleyBrooklyn
De John Crowley, Paul Tsan
Avec Saoirse Ronan, Emory Cohen, Domhnall Gleeson et Julie Walters
20th Century Fox
Sortie le 09/03

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