Sous airs de film porno, le film évoque la déliquescence du couple, ses affres et ses déceptions.
Après un passage remarqué en Séances de minuit au dernier Festival de Cannes et une sortie limitée dans les salles obscures romandes, le mélodrame pornographique dépressif de Gaspar Noé sort discrètement dans les bacs. Vendu comme un mariage réussi entre le cinéma traditionnel et le porno, « Love » est surtout un film d’amour narrant le drame de Murphy (Glusman), qui à la suite de la disparation de son ex Elektra (Muyock), va se remémorer les moments-clés de l’histoire d’amour de sa vie. S’il partage de nombreuses similitudes avec le diptyque « Nymphomaniac » de Lars von Trier, autre cinéaste auteurisant, provocateur et narcissique, « Love » est avant tout un film de Gaspar Noé pour le meilleur (mise en scène, photographie) et surtout pour le pire (scénario et traitement). S’il parvient à retranscrire les différentes étapes d’une relation amoureuse au travers de scènes de sexe non simulées, Noé ne peut s’empêcher de ponctuer son récit de scènes et de plans gratuits et provocateurs qui trahissent ses intentions premières : livrer une œuvre avec « du sang, du sperme et des larmes ». Le réalisateur français n’arrive jamais à exploiter son concept et échoue finalement sur tous les tableaux : les scènes de sexe manquent cruellement de tension et surtout d’érotisme et le mélodrame, dont la vision et le traitement sont immatures, génère de l’indifférence. Après « Irréversible » (2002) et « Enter the Void », Noé démontre une nouvelle fois qu’il est incapable de raconter une histoire d’amour. Oeuvre (trop) personnelle et désenchantée sur l’amour et la jeunesse perdue, « Love » mélange attrait/amour et rejet/haine, comme dans une histoire d’amour !
Love
De Gaspar Noé
Avec Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin
Praesens