Alors qu’on ne voyait pas forcément d’un bon œil l’arrivée d’un deuxième film sur Steve Jobs, le film de Danny Boyle fascine par son impressionnante maîtrise et évite l’hagiographie.
Ecrit par Aaron Sorkin – le scénariste de « The Social Network » (David Fincher, 2010) –, « Steve Jobs » se construit autour de trois lancements de produits ayant lieu en 1984, 1988 et 1998 et qui structurent le récit à la manière d’un opéra. Tournés dans des supports différents (respectivement en 16mm, 35mm et en numérique), ces trois actes se déroulent en temps réel avec une ribambelle de personnages allant et venant à leur tour dans chacun des segments dans une frénésie constante.
Si, formellement, on reconnaît le travail très visuel de Boyle ainsi que sa fascination pour la technologie, scénaristiquement, la construction au vitriol de personnages bavards et pas forcément empathiques se présente comme des traits caractéristiques de Sorkin. Les deux livrent une épopée humaine aux retombées tristement contemporaines et n’hésitent pas à présenter l’envers du décor, en nuançant le personnage de Jobs et en illustrant l’appât consumériste qui découle de ses produits informatiques.
On est fasciné par la minutie avec laquelle tout est façonné, des dialogues cinglants aux cadrages grandioses, tout en passant par la géniale musique de Daniel Pemberton, qui soutient habilement la structure opératique de « Steve Jobs » tout en y apportant l’emphase émotive nécessaire. Sans surprise, Michael Fassbender incarne le protagoniste avec une ressemblance troublante tandis que Kate Winslet, à l’accent savoureux, apporte le soutien nécessaire au film. Si « Steve Jobs » glorifie quelque chose, ce n’est pas tant son personnage éponyme, mais le pouvoir et le plaisir que procurent la narration. Un film précieux.
Steve Jobs
De Danny Boyle
Avec Michael Fassbender, Seth Rogen, Kate Winslet, Katherine Waterston
Universal
Sortie le 03/02