Dans le sud de la France, la chaleur du mois d’août règne et attise les tensions dans les quartiers défavorisés dans lesquels Geronimo, une jeune éducatrice, tente avec véhémence d’apaiser les velléités de rixe entre les communautés. Mais, quand Nil Terzi, une adolescente turque, fuit son mariage forcé pour retrouver son amoureux gitan, Lucky Molina, le feu est mis aux poudres : l’honneur doit être sauvé, la guerre entre les clans turc et gitan est déclaré.
Dix ans après son prix de la mise en scène pour « Exils », Tony Gatlif poursuit avec exaltation son plaidoyer en faveur de la cause gitane. Le film s’ouvre sur un travelling palpitant durant lequel on suit la course folle d’une mariée dans les rues désertes d’une banlieue anonyme sous un soleil écrasant. Dès la première scène, la caméra se pose sur le visage de celle qu’elle ne quittera plus, Geronimo, une jeune femme à la dégaine survoltée, qui parvient à faire régner la loi dans le quartier tant elle le connaît bien. S’inspirant d’une jeune chanteuse rencontrée en Andalousie dans les années 1990, La Caïta, Tony Gatlif offre à Céline Sallette son plus beau rôle depuis « L’Apollonide », de Bertrand Bonello.
Caméra à l’épaule, le réalisateur colle aux visages de ses acteurs, ne lâche jamais, commuant les scènes de violence en moments magiques et envoûtant de chorégraphie (la mémorable scène où une danseuse de flamenco frappe ses talons sur un cercueil). La musique est omniprésente – turque, gitane, etc. – telle un souffle de vie continu. A 66 ans, le réalisateur de « Latcho Drom » n’a rien perdu de sa fougue et délivre un film qui regorge d’une énergie pure, primaire et encore plus pugnace que lorsqu’il remontait les origines de la musique gitane.
Geronimo
De Tony Gatlif
Avec Céline Sallette, Rachid Youcef, David Murgia
Pathé Films
Sortie le 15/10