Douze ans d’attente, un épisode sans lui, Schwarzy est enfin de retour dans la peau du Terminator protecteur, pour ce qui devrait marquer le commencement d’une nouvelle trilogie. Démarrage raté…
« Ça faisait longtemps que je t’attendais » lance le gouvernator, fusil à pompe en main, cheveux blancs en prime, à sa jeune doublure. Et bien nous aussi ! Depuis le soulèvement des machines en 2003, Schwarzenegger n’avait pas endossé le rôle du T-800, au détriment d’un très mauvais quatrième volet en 2009. Qu’il était bon de savoir l’acteur donner à nouveau vie au personnage culte de la saga Terminator, créée par James Cameron il y a plus de trente ans. Le monsieur, n’ayant jamais rempilé à la réalisation après ses deux premiers volets, reprendra cependant les droits de la franchise en 2019. Paramount Pictures a d’ailleurs annoncé que le reboot donnerait probablement lieu, si succès il y a, à une trilogie dont Terminator Genisys en serait le (re)commencement. Qu’il est décevant de constater un tel gâchis et un tel affront à l’univers imaginé par Cameron.
En 2015, dire que la mode d’Hollywood est plus au reboot de franchises cultes qu’à la création de scénario original ne vous apprendra rien (Mad Max, Jurassic Park, Star Wars…). Dire que Terminator Genisys est décevant, peut être pas non plus. Décrire toute la bêtise et le désintérêt qui ressort de cette insulte à une saga culte, déjà un peu plus.
Depuis le jugement dernier, la guerre des machines contre les humains persiste. D’un coté, l’intelligence artificielle Skynet, de l’autre John Connor (Jason Clarke), leader de la résistance. Ayant prédit leur extinction, les machines ont envoyé un T-800 dans le temps afin de détruire Sarah Connor (Emilia Clarke) et empêcher ainsi la naissance du futur chef de l’armée humaine. John décide alors de transporter à son tour le sergent Kyle Reese (Jai Courtney) en 1984 pour protéger sa mère. Des événements inattendus provoquent une fracture temporelle et Sarah et Kyle se retrouvent dans une nouvelle version du passé. Ensemble, avec l’aide du robot T-800 (Schwarzenegger) programmé à la protection de la jeune femme, ils doivent faire face à une nouvelle menace.
Si voir Schwarzy frapper sur son jeune lui est un pied absolu, le plaisir s’arrêtera là. Malgré le retour réussi de l’acteur dans son rôle culte du haut de ses 67 ans, le film est une dégringolade de bêtise et d’incohérences scénaristiques. Passant son temps à singer les clins d’œil de l’univers de Cameron, Genisys n’arrive même pas à être divertissant tant son rythme décousu, à trop vouloir aérer l’action avec des passages dramatiques, agace. Le réalisateur Alan Taylor (Thor : Le Monde Des Ténèbres) tombe dans le cliché américain populaire, essayant d’arracher les larmes à travers les valeurs de la famille et de l’amour servies à toutes les sauces. Fade et sans intérêt. Même les scènes d’action n’ont aucun relief. À coup d’explosion de ponts et de courses-poursuites, la mise en scène en oublie toute inventivité dans les combats de Terminator. Certaines scènes sont même à la limite du copier-coller du Jugement Dernier (la course-poursuite du T-1000) et d’autres frôlent le ridicule par leur improbabilité (le combat d’hélicoptères). La construction du film en deviendra même répétitive et lassante, à trop voir l’ennemi se décomposer/recomposer.
En plus d’une écriture laborieuse et d’une action sans intérêt, Terminator Genisys a des acteurs au charisme d’huître. Si Schwarzy est impeccable – son personnage ne prenant d’ailleurs pas assez de place dans la narration – et qu’Emilia Clarke s’en sort très bien en guerrière, ce n’est pas le cas des deux autres interprètes. Jason Clarke en méchant John Connor serait presque risible, et Jai Courtney, complètement effacé, essaye comme il peut avec son peu d’aura et ses dialogues écrits par un enfant de 8 ans.
Le reboot est un ratage à presque tous les niveaux. Et dire que deux suites risquent de voir le jour…
Terminator Genisys
Paramount Pictures
De Alan Taylor
Avec Arnold Schwarzenegger, Emilia Clarke,
Jason Clarke, Jai Courtney
1 juillet 2015