L’éditeur Sidonis Calysta nous gratifie de quatre westerns relativement peu connus. Même si la qualité de l’ensemble est inégale, c’est une réelle chance de pouvoir les découvrir, d’autant plus que le pressage des DVD est tout à fait correct.
On commence avec le haut du panier, à savoir les excellents « Le Tueur du Montana » et « L’Implacable Poursuite ». Le premier réussit à aller droit au but grâce à un scénario extrêmement bien ficelé qui désamorce les clichés du genre. On comprend dès le début du film que les personnages sont unis par un passé commun, sans savoir réellement lequel. Le héros qui n’en est pas un est chargé de transporter et d’escorter une grande quantité de bétail, ce qui laisse place à des images de toutes beauté nous montrant des centaines de bœufs courir dans la même direction. Ca sent l’Amérique bien profonde et on ne va pas s’en plaindre. Le film ne manque pas d’humour, notamment grâce à l’excellente prestation de Audie Murphy, acteur mais également soldat émérite de la Seconde Guerre mondiale. Malgré son visage de poupon, il réussit à laisser transparaitre un réel charisme qui se ressent sur tout le film.
« L’Implacable Poursuite », daté de 1958, n’a pas été très gâté par les ans, puisque le film a été tourné en 2.35 Cinémascope mais n’existe qu’en format recadré pan scan. Dommage car le long-métrage de Richard Carlson ne démérite pas avec son histoire qui évoque facilement le film noir, comme le précise Patrick Brion dans les bonus du DVD (chaque film est d’ailleurs accompagné d’une présentation du monsieur). Condamné à tort à perdre tous ses galons pour cause de désertion, le soldat Hemp Brown part à la recherche de l’homme qui l’a piégé. Il se retrouve dans une caravane itinérante et s’entiche d’une danseuse. Puis s’ensuit un étrange climax qui évoque carrément Frankenstein, avec sa horde d’habitants munis de fourches et de torches partis à la poursuite de Brown comme si celui-ci était un pestiféré. Etrange mais passionnant western donc, qui a pour lui une durée limitée (76 minutes) qui ne permet aucuns débordements.
On passe à « Dangereuse Mission » qui joue plus la carte de l’humour rocambolesque, souvent avec justesse. Steve Davis, ancien espion de l’armée, se fait passer pour un brigand pour rejoindre leur bande et déjouer leur plan visant à cambrioler le train postal. Nouveauté pour l’époque, le cambriolage du train postal pour réquisitionner les paiements et salaires transportés. On verra donc Steve Davis devenir Steven Porter et avoir une prime sur sa tête, pour pouvoir infiltrer une prison et avoir des infos de la part du chef des brigands, lui-même emprisonné. Le film sort du lot grâce à l’utilisation spectaculaire de décors naturels dont est tiré le meilleur parti. La planque des brigands se situe par exemple dans une montagne et ressemble un peu à un nid de termites. Reste que les personnages sont très manichéens et que l’écriture ne bénéficie pas du même soin que celle des deux westerns sus-cités.
On termine par le vilain petit canard du lot. En effet, « Le Dernier Train pour Frisco » est un bien mauvais western, poussif et caricatural. L’humour sonne presque toujours faux et est omniprésent. Un humour picaresque pas aidé par une bande-son rigolarde (une chanson pop qui détonne complètement) et des acteurs en mode cabotinage qui semblent livrés à eux-mêmes et qui rendent le final presque ridicule alors que toute l’histoire menait à quelque chose d’émouvant. On était pourtant curieux de voir le résultat, puisqu’ Andrew V. McLaglen est le fils de Victor McLaglen, mythique acteur qui s’est notamment distingué dans « Le Mouchard » de John Ford. Le résultat est un ratage quasiment complet duquel surnagent quelques éléments, comme la présence des Chinois qui apporte une touche d’exotisme bienvenue. Le film est en plus le plus long du lot (108 minutes) et étire douloureusement son intrigue, notamment lors d’une scène se déroulant dans la maison d’un des personnages voyant le héros retrouver sa dulcinée. C’est long, c’est lourd, c’est pénible et c’est vilain car la plupart des décors sentent le carton-pâte de studio à plein nez.
Excellente initiative de la part de Sidonis Calysta donc, et on se réjouit déjà de pouvoir découvrir de nouveaux westerns dans une prochaine salve d’éditions qui s’annoncent mémorables.
WESTERN DE LEGENDE
Le Tueur du Montana : De Nathan Juran, avec Audie Murphy
L’Implacable Poursuite : De Richard Carlson, avec Rory Calhoun
Dangereuse Mission : De Reginald LeBorg, avec Stephen McNally
Le Dernier Train pour Frisco : De Andrew McLaglen, avec George Peppard