Gloria est l’une des sensations de l’année. Un splendide accueil à Berlin, il est devenu en peu de temps l’un des films préférés de San Sebastian au Chili et il est bien parti pour représenter le Chili à la prochaine cérémonie des Oscars. Un détail qui compte pour aller le voir, non ? En attendant Sebastiàn Lelio a répondu à nos questions, malgré sa fatigue apparente, et oui, vendre un film, c’est très fatiguant!
Comment est née l’histoire de ce film ?
Elle est née de l’intuition qu’il y avait un film possible dans le monde de la génération de ma mère, une femme de la génération de l’héroïne, puis le désir de travailler avec Paulina Garcia, actrice et protagoniste du film, avec qui je souhaitais travailler depuis longtemps. Ce sont ces deux raisons qui ont allumé les premières étincelles, et m’ont fait sentir qu’il y avait un film puissant un film là où il ne devrait pas y en avoir, dans le monde d’une dame de la cinquantaine, qui est quelque chose qui peut nous sembler fascinant selon certains critères… J’ai toujours pensé qu’il y avait un film très puissant avec « Gloria », plus le désir de travailler avec Pauline Garcia afin de lui offrir un rôle comme elle le mérite et pour venger… Se venger de cette soif de vengeance à son égard…
De plus en plus la musique est un outil important pour faire passer un message dans les films. Qu’est qui vous a guidé dans le choix de vos morceaux ?
Eh bien, « Gloria » est un film très musical, les personnages sont toujours exposés à des situations où la musique est omniprésente, dans la voiture, lors de fêtes ou lorsqu’elle est chantée… Un peu comme nous sommes exposés à la musique dans notre monde contemporain. A vrai dire ce n’est pas une bande sonore de plaisir coupable mais tout simplement une musique de plaisir que j’aime pour diverses raisons. En plus elle couvre le film d’une large palette de musiques célèbres comme des ballades romantiques, jusqu’à des morceaux de Mahler, et d’autre part, elle joue une fonction narrative un peu à la manière du « chœur grec »… Le film, à travers les personnages, fait un commentaire sur le processus des personnages et les personnages commentent à leur tour sur leurs propres processus sans s’en rendre compte.
Comment classeriez-vous « Gloria » par rapport à vos autres films ?
Eh bien, chaque film est différent, je dirais que c’est le résultat naturel de mes recherches et de mon apprentissage que j’ai faits avec mes autres films, et aussi c’est un bond en avant en termes de souhait pour réaliser un film qui se connecte avec le public…
Comment s’est déroulé le travail avec les acteurs ? Surtout pour les scènes très intimes des personnages principaux ?
Un grand défi mais j’ai eu la chance de travailler avec des acteurs très talentueux et aussi très engagés et je crois qu’ensemble, nous nous aidions à trouver le chemin correct pour filmer cette séquence où il était très important de les filmer d’une certaine façon, c’est-à-dire, très directe car c’est l’un des thèmes du film que la nudité et le droit au plaisir à toutes les étapes de la vie… Donc, faire de l’euphémisme avec les scènes érotiques aurait été une erreur.
Il y a certains thèmes récurrents dans vos films, les relations compliquées entre parents et enfants, des parents irresponsables, des enfants abandonnés, le sexe… Qu’est qui vous attire vers ces questions ?
Parce que ce sont des thèmes de la vie si on peut le dire ainsi… Les relations compliquées entre les parents et les enfants, les enfants abandonnés, le sexe… Tout ça c’est la vie et il me semble que c’est ce qui nous entoure.
Finalement, « Gloria » raconte une histoire assez universelle, sans trop de références au contexte chilien. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez cherché à faire intentionnellement ?
Pour moi ce fut une occasion d’élargir le territoire et d’explorer des domaines qui peut-être ne sont généralement pas utilisés par le cinéma chilien ou d’Amérique latine en général… Cela me semblait passionnant. Mais ce n’était pas si étrange pour moi parce que dans mes précédents films, d’une autre façon, c’est ce que j’abordais déjà… C’était quelque chose de naturel pour moi. C’est un mélange entre les thèmes familiaux et des personnages qui sont comme en constante crucifixion.
« Gloria » est sur la bonne voie de la réussite à l’international. Que souhaitez-vous de plus pour le film ?
Ce qui est arrivé au film depuis la Berlinale 2013 a été si fort : c’était bien plus que ce que nous attendions et qu’on pensait obtenir. Ce serait très gourmand de demander plus alors qu’on sait très bien que le film a encore beaucoup à donner. « Gloria » est un film qui va devant nous et nous devons le suivre. Je demanderai au film de continuer à le suivre où qu’il aille !
Donc, peut-être un Oscar?
Comment dire… Bon, c’est votre avis ! (Rires).
Bientôt un quatrième film ?
Je travaille sur plusieurs projets mais c’est encore trop tôt car il y a encore beaucoup à faire avec le film qui est en plein processus de reconnaissance… Mais il y a bien quelques bons projets à venir !